Vieillir : pour ou contre ?

La dame de la photo n'a pas l'air d'être très "pour".

C'est sa mine furibarde, placardée sur un kiosque à journaux, qui a capté mon attention. Quant à son doigt d'honneur, il a comblé mon coeur.

Etant donné que je viens de me prendre une année supplémentaire dans les gencives, la question "Vieillir : pour ou contre ?", posée par Sciences humaines dans son dossier spécial d'avril, m'a interpellée.

Comme toute chose, vieillir a ses avantages et ses inconvénients. En voici quelques-uns en vrac.

Selon une croyance largement répandue, le temps aurait le même effet sur l'homme que sur le vin. On prétend donc que la vieillesse bonifie l'individu ("c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes"). Avec elle, vient la sagesse, (Maître Yoda), l'immense bonté et les desserts oncteux (Mamie Nova).

Mais l'homme est parfois plus proche du lait que du vin et il peut "tourner" avec le temps (Tatie Danielle, Paulette, Valérie etc..). Les grumeaux, l'aigreur et l'odeur de moisi deviennent alors ses attributs distinctifs -et peu ragoûtants.

Vieillir n'empêche par de "se prendre un petit coup de jeune". Au contraire. Arrivées à un certain âge, les femmes peuvent accéder, si elles le souhaitent, au statut tant convoité de Cougar ou de MILF ("Mother Id'like to fuck",  une daronne que j'ai envie de secouer, en français).

Mais il y a un risque bien réel que toutes ces aventures montent à la tête, que la dame d'un certain âge vire GIHF, ("Granny I'd hate to fuck", Nooon je ne veux pas entrer dans mamie, en français). Exemple : lors du festival de Coachella (Californie), en avril dernier, Madonna a pris d'assaut la bouche de Drake qui n'a pas eu l'air ravi-ravi : on se saura jamais si c'est le goût, l'odeur ou le fait d'être traité comme un toy boy devant la terre entière, qui lui a déplu.

Vieillir c'est approcher de l'âge de la retraite : "Libéréeeee, délivréeeee", au revoir président, bonjour grasses mat', loisirs, croisières !

Sauf qu'aujourd'hui, les retraités sont parfois de corvée "marmaille", quand ils ne sont pas obligés d'herberger leur propre progéniture après des revers de fortune ou des déconvenues amoureuses. Souvent, ils continuent à travailler, pas par plaisir comme un Drucker vissé à son divan, mais à cause du niveau epsilonesque de leur retraite.

On devient "senior". Dans la bouche des gens qui ont un petit défaut de prononciation, ça peut donner "seigneur". En théorie, on est désormais pioritaire, on peut "hypothétiquement" couper les queues, choisir sa place dans les transports en commun etc...

Cependant, ces privilèges sont difficiles à défendre, car le "senior" semble être frappé d'invisibilité avec l'âge et quand il l'ouvre, il doit parfois affronter la colère de vassaux mal embouchés.

Pour finir, vieillir te rapproche inexorablement de la mort mais une fois mort, finis les problèmes !

A part le choc du blanchiment prématuré de ta toison pubienne, qui signale le début de la fin, prendre de l'âge n'est pas si difficile.

Je dirais donc que je suis "pour" vieillir, mais avec modération (finir centenaire, aveugle, sourde, incontinente et peut-être même folle, ne fait pas partie de mon plan de vie).

Et toi, pour ou contre ?