Voir avec les yeux de ma mère

aile68

Voir avec les yeux de ma mère, c'est comme si je me retrouvais au ciel entourée de nuages sans orages, calme, paisible, glorieuse. Jamais regard n'a semblé si heureux.

Mon père à ses côtés joue la carte de la tranquillité, regard paisible au soleil de l'Italie. La faire courte ou longue, aucun mépris dans ce que je dis mais beaucoup d'admiration comme lorsque je vois ma mère en robe de mariée, mon père sur son chantier, heureux, à l'aise comme un poisson dans l'eau.

Ils me manquent tous les deux, j'ai raconté une histoire sur ma mère, une histoire de pigeon qui se promenait sur le rebord de mes fenêtres, une histoire vraie, du vécu. J'aime recevoir des signes de mes parents, oui des signes, j'y crois et je ne suis pas la seule. Tous ceux qui les ont aimés se rappellent ma mère le coeur sur la main, mon père avec son éternelle cagette à l'arrière de son vélo et, à l'intérieur des légumes de son jardin. Son jardin qui donnait tant de petits pois aux mois de mai, juin, et des tomates comme de gros rubis, trésors d'un soleil chaud, généreux.

Ma mère qui faisait des tartes avec la recette de la tante Marie, avec du lait et du sucre dans la pâte sablée, elle l'a adoptée ma mère cette recette, comme un secret de cuisine, un secret qui sublimait tout, le goût, nos papilles, notre gourmandise. Mon père en hiver avec sa montagne d'oignons ramenés du jardin, nous ôtions avec bonheur leur pelure marron clair aux reflets chauds, il y en avait partout dans la cuisine. La cuisine, ce lieu si grand, si plein de vie, une pièce aux murs carrelés par mon père, moi, petiote, j'étais prête à l'aider de mes mains volontaires, évidemment mon père a dit non, j'ai gardé ce côté volontaire même pour les choses que je ne pourrais faire, et si un jour j'y arrivais, et si un jour je réussissais à la soulever cette valise trop lourde pour moi, et cette pièce à peindre, ce plafond...

Choisir le bonheur, à la croisée des chemins, au milieu d'un sentier avec ce chanteur qui passe devant moi avec sa guitare, il chante une chanson bien connue, il joue une musique qui remonte le moral, qui fait rejaillir la vie en moi, je ne suis alors qu'une source de paroles au débit puissant et rapide.

J'ai vu avec les yeux de ma mère ses lunettes comme de la dentelle fine et fragile, je les portais délicatement ses lunettes, comme une poupée de porcelaine. Mon texte arrive à sa fin comme cette chanson dans l'ordinateur que j'écoute avec toute l'attention possible. J'aime sans nul doute.

J'aime me recueillir et penser à mon père, ma mère. Un moment de ressourcement où je repense des choses qui m'ont maintenue en vie, en vie.

  • La franchise est nette ; si tout le monde en faisait autant ! Mais surtout se relier les uns aux autres, de génération en génération, lorsque c'est possible, alors les liens libèrent.
    Mais n'oublions pas tous les "sans papiers", sans généalogie...etc, dont le sort va se dégrader encore un peu plus.
    Mais nos grands capitaines d'industrie pourfendrons encore longtemps les jeunes qui ne veulent pas travailler, les marginaux, ceux dont la posture dérange pour dire plus rapidement.

    · Il y a 2 mois ·
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    Gabriel Meunier

    • L'autre jour, j'ai rencontré un Africain dans la rue. Cela faisait trois jours qu'il était arrivé dans la ville, il cherchait un endroit où rencontrer des jeunes comme lui, il m'a même demandé en mariage! Moi je lui ai donné l'adresse du Secours catholique qui s'occupe des sans papiers. Je ne laisserai jamais quelqu'un dans la m... si je peux aider... Evidemment il y a des limites qu'ii ne faut pas franchir! Histoire vraie! Avec le recul je me dis qu'il n'était peut-être pas tant dans la m... que cela.... Faut pas prendre les gens pour des imbéciles non plus. C'est quelqu'un qui n'avait pas froid aux yeux pour arriver à ses fins...

      · Il y a 2 mois ·
      Coucou plage 300

      aile68

  • Je ne pourrais que réitérer les propos de Louve. Nous, comme nos parents, nous survivrons tant que des souvenirs bien réels continueront à nous faire vivre. Ensuite, nous sombrerons dans l'oubli avec tout nos ancêtres avant que peut être, des archéologues du future dans 2000 ou 3000 ans qui auront découvert nos ossements entre un réfrigérateur et un four à micro ondes rouillés, se demanderont ce que nous pouvions bien faire puisque la mémoire vive de nos ordinateurs aura bien évidement disparue depuis longtemps. Oups, une erreur est survenue :o)

    · Il y a 2 mois ·
    Gaston

    daniel-m

  • Un adorable moment de ressourcement ! Tant que nous serons encore en vie, nos parents vivront en parallèle à nos côtés.

    · Il y a 2 mois ·
    Louve blanche

    Louve

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