Voler comme une hirondelle

Lou

inspiration trouvée ce matin, dans ma voiture en partance pour le collège.

La nuit enveloppait la ville. Les lampadaires s'étaient éteints alors que le soleil dormait encore en paresseux qu'il était. Les phares des lumières s'agitaient, zigzaguaient au rythme de la route. Elles semblaient danser un ballet sombre mais splendide.

Les nuages étendaient leurs coton grisâtre, prenant possession du ciel. L'obscurité ne la dérangeait pas. Elle avait l'habitude. Seule, sur son lit d'hôpital, avec, pour seules visites, le médecin ou l'infirmière. Seule, abandonnée, prisonnière de cette salle blanche.

Tout, le lit, les murs, les rideaux. Aussi blanc qu'un cachet d'aspirine.

Assise sur un fauteuil, le visage collé à la vitre, regardant les milliards de gouttelettes d'eau qui glissaient sur le verre, fixant le ballet des voitures, retenant ses larmes.

Assise là, sans bouger, à regarder le monde avec envie. Cette liberté qui lui tendait les bras s'éloignait de jour en jour. C'était horrible. Le vent froid qui soufflait dehors avait glacé son coeur, alors qu'elle était au chaud dans sa pièce lumineuse.

Elle aurait aimé savoir voler, étendre ses bras, regardant des plumes pousser sur sa peau, et sauter pour voler. Loin, loin de cette prison. Aller en Afrique, en Asie, au Royaume-Uni. Loin.

Mais elle était là, assise sur son lit d'hôpital, attendant que la leucémie l'emporte, la mort aussi.

Car elle n'avait rien d'autre à faire à part attendre en croisant les doigts et en regardant les hirondelles passer.

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