Voleur de temps

Dans le brouillard morne de ma mélancolie
Un soleil s’est levé occupant mon zénith
Mais mercure possessif, le vit d’un mauvais œil
Il en prit ombrage, tempêtant de bon cœur

Jaloux et insidieux, il contraint mon soleil
Le voilant de son fiel, accaparant son temps
Il lui prit tour à tour espace et liberté,
Support d’expression, temps et présence passée

Et sous ce voile lourd qui obstrue l’horizon
Je me réchauffe moins et suis pris de frissons
Comment se contenter de trop rares éclaircies
Quand on connut avant un soleil beau et franc?

Cette épreuve sans doute, éprouve en moi le lien
Qui m’unit au soleil sous sa voûte étoilée
Et il ne tient qu’à moi de prendre mon essor
De passer les nuages pour rejoindre l’éther

Mais cette masse lourde qui empèse mon ciel
Et les chaînes rouillées qui enserrent mes pieds
Chaînes futiles et vaines d’un esprit torturé,
Empêchent mon envol et me clouent dans la combe

Et trop vite tourne la terre et bientôt l’ombre court
Là bas sur l’horizon, disparaît le soleil
Nimbant de flamboyances les nuages abhorrés
Crépuscule triomphant de ma molle inertie

Ils ont vaincu mon ciel et je tombe à genoux
Que faire de mes ailes, dans une nuit sans éclat ?
Je me couche et je pleure, j’abreuve de mes larmes
Le sol glacé du val qui berce mon tracas
Je me couche et je meurs de n’être dans tes bras
Mon cœur sans ta lumière plus jamais ne battra.