Vortex
mysteriousme
Elle s'était fait le film. Une soirée au cinéma.
Pour voir un film très intéressant sur la communication des arbres entre eux. Passionnant, si, si !
Elle s'était projetée avant la projection, comme d'habitude. Au fond de la salle. Dans l'obscurité. Son bras près du sien sur l'accoudoir. Une soirée où ils flirteraient.
Sa chaleur, sa peau qui l'attireraient comme un velours que l'on aurait envie de caresser, dans lequel on aurait envie de se lover. Douceur. Complicité. Proximité. Tout y serait.
Ca serait beau. Ca serait romantique. Elle attendait cela. Elle l'attendait. Elle vibrait en le voyant, en saisissant ses regards malicieux et ses remarques amusantes et légères. Elle savait qu'elle en voudrait toujours plus : on ne se refait pas.
Dans sa tête, le finish était magnifique, un french kiss à la sortie du ciné. Wahouh. Ca envoyait grave !
Elle avait proposé de passer le chercher chez lui. Il accepta. 19h.
En arrivant, la salle n'était pas pleine. Ils parlaient et riaient ensemble, dans une ambiance chaleureuse.
Et puis, une charmante dame dans la rangée avait demandé à ce que l'on garde son manteau, le temps qu'elle aille aux toilettes.
L'humeur était gaie et joyeuse entre eux deux. Son coeur battait fort. Ils se taquinaient. Certainement que, vue de l'extérieur, la situation pouvait faire pouffer et sembler pathétique... Mais peut-être que l'amour, c'était ça aussi ?
Elle avait envie de prendre sa main dans la sienne, avant même que le film ne commence, comme dans ses fantasmes où leurs doigts se rejoignaient. L'idée ne la quitterait pas de la soirée.
Elle avait envie de l'embrasser. Même sur la joue. Mais de goûter cette affection, cette douceur, de poser la main sur son torse et sentir son coeur battre.
Lorsque la dame revint. Elle entama la discussion suite à une réflexion qu'il lui avait faite.
Et c'en fut fini de leur complicité. Envolée, évaporée, disparue, aspirée, avalée par ce vortex énergétique.
La dame commença a le questionner sur son métier, son âge, ses motivations à exercer, le complimentant à tout-va. Il ne savait plus comment s'en dépêtrer, ni comment la stopper dans sa frénésie de questions. Quel interrogatoire !
Peut-être avait-il aussi envie de juste vivre un moment en intimité avec elle. Sans cette pollueuse. A vrai dire, la dame n'était pas malveillante, mais elle ne comprenait pas qu'elle prenait tout l'espace et qu'elle avait brisé le début de quelque chose à force d'insister.
Qui aurait dû faire quoi ?
La dame aurait dû comprendre que si elle s'était mise en retrait, ce n'était pas un hasard, et que donc, ils auraient très bien pu continuer à converser sans elle. Mais la dame n'avait pas compris.
Il n'arrivait pas à lui faire comprendre. Il était gêné et son empathie entre la dame et lui venait comme une entrave, comme un boulet dont on ne peut plus se défaire. Il ne voulait pas être méchant ou désobligeant. Et pourtant il se sentait coincé. Il était fait. Pris dans son piège gluant d'araignée qui suce sa proie jusqu'à la moelle.
Elle prenait beaucoup de choses à la rigolade discrètement et tendait l'oreille à la conversation qu'il menait avec la dame, malgré la cacophonie de la salle et sa tête pleine de rêves. Mais la dame était interpellée et voulait s'immiscer dans leur conversation presque intime dès qu'elle faisait une remarque complice à son oreille. Alors, elle fit mine de dormir, à côté de lui. Rêvant encore une fois qu'il la serre dans ses bras ou qu'il la réveille d'un baiser ou en frottant son nez près de sa tempe en lui chuchotant : "C'est fini. Elle est partie. On peut reprendre là où l'on en était".
L'idée lui traversa l'esprit de déposer fermement sa main sur sa cuisse et de s'adresser cash à la dame en lui disant que son amant-ami-ou-que-sais-je-encore n'avait pas plus envie de lui déballer sa vie que d'emballer du chocolat dans du papier d'alu ! Mais elle ne le connaissait pas assez et n'osât pas. Elle regrettait.
Elle se demandait sur le chemin du retour comment aurait pu finir la soirée. Il lui avait avoué avoir été vidé de toute énergie pour la fin de la soirée.
Elle le comprit et ne força rien.
Elle fut déçue sur le moment du bad happening imprévu. Mais en même temps, à la réflexion, la main qu'il lui avait tendue quand ils se séparèrent pour faire un "check" avait valu tout l'or du monde. Sa main avait côtoyé la sienne quelques secondes. Comme si ses lèvres s'étaient déployées sur les siennes dans l'intimité de l'habitacle de sa voiture.
Quand se reverraient-ils ? La question demeurait.
Peut-être que l'enquiquineuse l'avait fait exprès ?
· Il y a plus de 6 ans ·astrov
peut-être ! ;) ou pas...
· Il y a plus de 6 ans ·mysteriousme
Quelle enquiquineuse que celle-là ! Ils n'avaient vraiment pas besoin d'une "chandelle" !
· Il y a plus de 6 ans ·Louve
C'est sûr ;) ahahah Mais il y a des personnes qui prennent toute l'énergie sans s'en apercevoir... C'est terrible !
· Il y a plus de 6 ans ·mysteriousme
c'est vrai, en toute innocence en fait !
· Il y a plus de 6 ans ·Louve
Oui ! ahah ;)
· Il y a plus de 6 ans ·mysteriousme