Whellcome to my funerals
Alex De Querzen
PUBLIÉ SUR http://www.alexanderdequerzen.com/texte/whellcome-to-my-funerals/
C’est bizarre. Tout est bizarre. Je me suis levé ce matin en ayant l’impression que c’était le jour. Le jour de ‘jesaispasquoi’, mais LE jour. En anglais, the date, la date, la date à ne pas manquer. J’ai pris ma douche normalement. En cinq minutes. Comme d’habitude. J’ai pris le métro, comme d’habitude. Au même endroit que d’habitude. Descendu au même endroit que d’habitude. J’ai vu les mêmes gens, vécu les mêmes moments, fait les mêmes choses, faits et gestes. Parti à la même heure, plus ou moins que la semaine précédente. Fait ni plus de choses ni moins qu’hier, ou que demain. Pourtant. Pourtant des détails intrigants. Pourquoi ai-je mis le mix de KeroZen, un truc hardcore qui vrille les tympans et déchire le cerveau ? Pourquoi le son était-il si fort que la grand-mère sourde d’à côté est venue me demander de baisser le son parce qu’elle n’entendait pas la télé ? Pourquoi le mec au bout de mon clavier m’a demandé si ça allait, chose (in)habituelle ? Pourquoi mon cerveau jouait-il aux montagnes russes à la vitesse de pointe théorique du TGV ? Pourquoi j’avais envie de dire ” va te faire foutre ” au lieu et place de ” sorry, ignore moi ” ? Pourquoi ? Pourquoi quand je suis rentré dans le métro je me suis assis, déjà arraché par le bédo que je venais de fumer avant d’entrer dans la station, juste en sortant du taf en fait ? Pourquoi je n’ai pas calculé ce que j’ai fait entre là et maintenant ? Je ne sais pas. Je suis sorti du métro, j’ai regardé machinalement sur mon portable si quelqu’un m’avait appelé ? Sais pas. Envie de meurtre . Envie de tuer. Envie de sang. Envie de violence. Pas envers les autres. Envers moi. Je suis arrivé chez moi. Noir complet, absolu. Self improvement is masturbation. Self destruction is the answer. Save the planet. Kill yourself. Rejet. Retour. Arrivé. Départ. Cercle. Cercle vicieux, infernal. L’enfer. Dante, ” vous qui entrez ici, perdez toute espérance “. Ici ? Je n’ose pas regarder dans le dictionnaire. Dans ma tête résonnent les mots ” ici, pronom indéterminé signifiant le lieu où la personne est présente, au moment figé dans l’instant “. Ce qui reviendrait à dire… J’appelle mon pote, me frite avec lui. J’essaie d’arranger les choses, je m’enfonce. Pas grave. Je vais me casser. Disparaître. L’homme réel s’effaçant jusqu’à ne devenir que virtuel. Passant, prononce mon nom afin que mon kâh vive pour l’éternité. Bonne mentalité. Bien aussi le ” ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort “. Wesh. Je roule un deux feuilles, l’allume, m’installe devant Photoshop et compose mon nom… néo-phoenix, pourquoi pas workholics ou workaddikt ? Je bois une vodka pomme, deux, le transforme pour arriver à worxolikt… qui ne me satisfait pas. Je me retourne le cerveau, hésite, réfléchis, calcule, me décide : renaître je dois, réfléchir et jouer le jeu étant la condition sine qua non… quelque part, une petite voix, douce, gentille, sensuelle, m’indique que toute société a les crimes qu’elle mérite, me citant Dostoïevski. On verra. Le temps est mon seul ami, immuable et régulier. Finalement je choisis quelque chose de soft. Work Player. Même si ça ne me représente pas, ça a au moins l’avantage d’être distingué, classe, sans être trop underground. J’t’en foutrais de l’underground. C’est le serpent qui se mort la queue, l’underground cherchant l’overground tout en le reniant. Je rallume mon joint, tire deux lattes et manque de shooter un des deux chats qui traînent. Je n’ai plus la force d’écrire ce que je fais ou de faire ce que j’écris. Auto destruction, voilà ma raison d’être et de vivre. J’en suis arrivé à un tel point que l’extérieur me gonfle. Pour dire vrai, je ne sors plus qu’en mission spécifique et en frappes chirurgicales. Je sors, exécute ce que j’ai à exécuter et rentre at home. Mon langage s’en ressent, je parle un curieux mélange d’anglais et de francais, j’invente des mots.
J’suis un ouf. J’suis un guedin moi. J’ai pris ma décision. J’irai dans ce foutu pays. Moi qui voulait m’enterrer, qui organisait mes propres funérailles (d’où le titre) je sais où je vais… J’ai plus qu’à.
J’ai plus qu’à ranger mes affaires.
J’ai plus qu’à trier mes vêtements.
J’ai plus qu’à faire des cartons.
J’ai plus qu’à me prendre par la main et aller danser…
Faut arrêter de déconner.
J’ai 26 ans et je ne sais pas quoi faire de ma vie. J’hésite . A tous les niveaux. Que ce soit humain ou physique. Je me décide à me retourner le cerveau à grand coup d’alcool et de drogues. Le workplayer que je suis décide de se renouveler en tant que worholik. Addicted to the work. La seule chose qui me permet de rester la tête hors de l’eau c’est mes chats. J’en ai deux. Ca à le mérite de m’obliger à venir tous les jours chez moi. Pour donner à manger et à boire. S’il n’étaient pas la, je ne sais pas ce que je ferais .
Je suis Alex.
Et Alex est moi.
Je bosse, j’avance et je recule.
A grand coup de ceinturons j’avance. Je drague, chope et élimine.
Je suis la fin de la faim.
Je suis la mort de la vie.
J’avance et je marche.
Mes pas se posent sur des dalles, et je ne connais pas la suite…
Pause.
Break.
Je connais des gens, je les vois, je discute avec eux.
Et pourtant.
Des que je peux je m’enfonce. J’aime cette sensation d’être borderline.
Je me décide à avancer, l’alcool et la drogue aidant.
Peu de monde peut me suivre dan mon délire.
D’humain je deviens extraterrestre.
D’extraterrestre je deviens humain.
Je vois des gens. Je discute avec eux. Mais où est la solution ? Où est la finalité de la chose qui fait que la vie mérite d’être vécue ?
Que dalle.
Que dalle. Que dalle que dalle.
Rien.
Nada.
Il est quatre heures du matin et je suis devant mon pc, prêt à aller me coucher.
Il est quatre heures du matin et j’ai envie de mourir.
Non pas pour la souffrance.
Mais pour la finalité de la chose.
Stopper tout.
Stopper le théâtre de la vie
Je me bouffe mon cacheton, ce somnifère sans lequel je ne peux dormir.
Et j’attends.
Mes chats, les seules choses pour lesquelles je ferais des efforts
Mes chats, les seules êtres pour lesquelles je ferais des efforts.
Les phrases se ressemblent.
Les mots s’entrechoquent.
Putain faut que je me réveille.
Sinon je vais m’enfoncer dans un grand trou noir sombre, glauque, pas reluisant du tout. Même si je suis attiré il ne faut pas tu entends petit chat, il ne faut pas se laisser glisser sur la pente…
Je vois toujours les mêmes choses, arriver, me poser, ouvrir une bière, rouler un joint et me vider la tête.
Sauf que je n’y arrive pas alors je me détruis.
Le somnifère fait effet.
Mes yeux deviennent lourds, je m’enfonce dans une torpeur… Ramper jusqu’au lit, me glisser sous la couette, m’allonger en position de gisant et dormourir….
Moi je trouve ça .... Puissant. Ce listing rythmé, inexorable, détaillé et aliénant, on se noie dans les mots et c'est grisant . Merci
· Il y a plus de 11 ans ·lounalovegood
J'suis d'accord avec tout le monde comme ca pas de jalouses, hop. Aussi j'essaye de me rapprocher d'une "écriture parlée" ce qui est peut-être plus facile a lire/ressentir.
· Il y a plus de 11 ans ·Alex De Querzen
Je suis daccord avec Yonna. L'oppression c'est le bon mot, çà donne le ton. çà doit pas devenir léger. çà colle aux tripes...nous gonfle l'estomac de larmes...
· Il y a plus de 11 ans ·cerise-david
Grazie Yonna.
· Il y a plus de 11 ans ·Alex De Querzen
Moi çà ne me déplaît pas, ce côté lourd et condensé.. Ce mec qui s'pose trop d'questions... çà donne l'impression d'oppression. On a envie d'aller au bout, pressé de finir, to know the end.
· Il y a plus de 11 ans ·yonna
Je confirme le fait que sans commentaires, c'est difficile d'avoir du recul :)
· Il y a plus de 11 ans ·Alex De Querzen
que signifie +1?
· Il y a plus de 11 ans ·elisabetha
Oui, en fait c´était parti d'un défi (écriture semi automatique ;) )
· Il y a plus de 11 ans ·+1 aussi pr les commentaires absents !
Merci E.
Alex De Querzen
c'est lourd et triste. Autodestruction assurée. Pour l'écriture, tu aurais pu alléger. PLus suggérer, que détailler tes instants d'instants d'instants. On a l'impression d'être dans de la glu de secondes. Ça ne tournoie pas, mais ça tourne en rond. cela n'enlève en rien ton talent mais c'est mon avis "technique" d'une lectrice qui écrit aussi.
· Il y a plus de 11 ans ·l'absence de commentaires est un grand dommage. Il est difficile d'avoir un recul sur ce qu'on écrit sans le regard d'un autre avec ses différences.
elisabetha