Wild rose

Elle poussa la porte du jardin. Elle n’entendit pas le grincement qui l’accompagna, pour elle, tout était comme avant.  Bien sûr, les fleurs avaient poussé, certaines avaient changé, et ces petits pavés posés ça et là et traçant un petit chemin, il ne lui semblait pas les avoir déjà vus. Mais le joyeux fouillis d’arbres et de plantes de différentes couleurs, de différentes odeurs était toujours là.  La calme atmosphère du petit jardin était la même aussi. Et surtout, surtout, elle reconnut, là sur la droite la rose sauvage dont elle était si fière car elle portait son nom. Elle respira son parfum, comme si elle voulait vérifier qu’elle ne l’avait pas oubliée.  Elle entendit encore résonner dans ses oreilles la voix de sa grand mère : « Tu vois Hannah, cette rose porte ton nom. Elle pousse partout, mais avec ses longues épines, elle est aussi sauvage que ma petite fille ! ». Et toutes les deux, elles apprenaient à apprivoiser la rose sauvage ; la Rose Hannah, lui taillant doucement autour d’elle son petit nid, éloignant les ronces et les mauvaises herbes qui l’empêchaient de grandir. Et la rose avait poussé, s’était multiplié et s’était embellie avec le temps. Et surtout avec les soins de la grand-mère la plus gentille au monde. Encore une fois, Hannah se demanda si elle racontait l’histoire de la rose ou sa propre histoire. Elle avait toujours été là. Eloignant d’elle ses mauvaises fréquentations, pas à grands coups de sécateur, mais en lui faisant comprendre que ce qui n’était pas le mieux pour elle. Pansant ses blessures les jours où elle s’était un peu trop écorché les doigts ou le cœur. Hannah s’allongea doucement sur l’herbe douce et folle, ferma les yeux. Le soleil lui chauffait doucement le visage et une petite brise lui donnait de l’air nouveau pour respirer. Elle s'endormit doucement, l’esprit en paix. Après de longs instants, elle finit par rouvrir les yeux, le soleil avait bien baissé, elle ne savait pas exactement combien de temps elle avait dormi. Satisfaite, elle rentra lentement dans la vieille maison. Elle se retourna et jeta un dernier regard vers son jardin. Chaque année depuis 10 ans, elle revenait ici, seule. Revoir sa grand-mère, sans peine et sans regret. Revoir la rose sauvage, qui était devenu leur lien entre la terre et le ciel.