1996
pimentdouce
1996, 30mn après, quelque part dans la nuit.
«Signes particuliers de la queue ?
-…
-Elle était comment ?
-…
- Noire ? Blanche ?
-Il bandait ou pas ?
-…
-Vous le connaissiez ?
-… Oui. Enfin non. A peine.
-Vous étiez amis ?
-Non.
-Vous en êtes sûre ?
-Oui, j’en suis sûre.
Je regarde autour de moi. J’ai peur.
-Vous le connaissiez d’où ? Quel est son nom ?
-Amine.
-Amine comment ?
-Je ne sais pas.
-Mademoiselle, il va falloir nous aider sur ce coup là. Quel est son nom ?
-Puisque je vous dit que je ne sais pas..
J’ai mal à la tête, et j’ai mal à l’âme. Cette femme ne cherche même pas à comprendre cette douleur qui désormais me suivra toute ma vie. Quel est son nom ? A quoi ressemble sa… queue ? J’ai 14 ans et demi, laissez-moi tranquille, j’ai mal, ne le voyez-vous donc pas ?
-Bon, on va devoir contacter vos parents. Savent-ils où vous trouvez ?
-Non.
-Nous allons devoir les contacter. Ils doivent être présents si jamais vous voulez déposer une plainte.
Il se passe une éternité. Et puis ils sont là, mes parents. Je n’ose pas les regarder. J’ai peur qu’ils sachent, mais elle leur a déjà tout dit. Que suis-je sensée leur montrer ?
Je suis fatiguée, j’ai mal. J’ai mal, et je suis fatiguée. Je voudrais seulement que le monde arrête de tourner. Je voudrai revenir en arrière. Rien que 24h en arrière, et rien de tout cela ne serait arrivé.
-Ils étaient 4.
-4 ?
-Vous les connaissiez ?
-Non.
Pourtant vous connaissez l’un d’entre eux. Il va falloir nous dire la vérité mademoiselle.
Que voulez-vous que je vous dise ? Que ces gars là m’ont violée ? Qu’ils ont profité de moi comme si je n’étais qu’un jouet ? Que voulez-vous que je vous raconte ? Que je vous dise s’il bandait ou pas ? Combien de temps j’ai du le sucer ? Dois-je vous dire s’il a jouit dans ma bouche ?
AI-JE LE DROIT DE VOUS DIRE QUE JE SUIS BRISEE ? DE VOUS DIRE QUE VOS QUESTIONS SONT EN TRAIN DE ME TORTURER ?
Mais de tout ça je ne dis rien. Je suis trop fatiguée, et j’en n’ai plus rien à foutre. D’eux. De moi. De tout. A quoi bon ?
Je ne me souviens plus de la suite.
Mes parents. Mes parents…
Je me sens tellement honteuse. Que vont-ils penser de moi maintenant ? Ils restent au loin. On ne se dit rien. J’attends sur ce siège bleu. Je les entends parler. Je ne les écoute pas. Je ne suis plus là.
Je suis toute seule, et personne ne s’en rend compte.
Je me meurs, et personne ne le voit.
1996, 30mn après, quelque part dans la nuit.
Tres fort, on "ressent" la chose.
· Il y a plus de 11 ans ·Alex De Querzen
Ton texte est........il prend aux tripes (ouais c'est très classe, mais je ne savais pas comment le formulé), tu fais très bien ressentir les émotions en trouvant les mots justes et la bonne façon de les écrirent.... En tout cas, il ne laisse pas de marbre...
· Il y a plus de 11 ans ·perdue
Merci à vous
· Il y a plus de 11 ans ·pimentdouce
C'est tellement fort, poignant. Toute cette détresse que tu fais ressortir. C'en est si bouleversant que je ne trouve pas les mots pour exprimer ce que cela me fait.
· Il y a plus de 11 ans ·kerby
je suis impressioné!
· Il y a plus de 11 ans ·saki
texte tres fort, on ressent la douleur, l'horreur, l'isolement de la jeune fille avec vos mots poses avec justesse vraiment bravo
· Il y a plus de 11 ans ·christinej
Ce cri de douleurs qui sort de tes entrailles, cette souffrance qui te poursuit et t’entraîne vers les chemins escarpés, ce même chemin qui te conduit vers nous tes amis, fais que mes bras même virtuels te serre contre moi, et que mon silence en dit déjà trop ou pas assez... je t'aime ....
· Il y a plus de 11 ans ·insane