2000 jeunes à saisir

Pascal Bléval

2000 jeunes à saisir est un texte basé sur un article que j'ai lu il y a quelques mois, dont le titre était "2000 emplois à saisir".

J'ai (assez librement) adapté ce thème.

Texte:

 Micro-trottoir réalisé Porte de Versailles, samedi 27 Octobre 2012.

Amis téléspectateurs, Bonjour. Ici Pascal Bléval, en direct de Paris, Porte de Versailles, où vient d’ouvrir le Forum Jeunes au Travail.

Du samedi 27 Octobre au dimanche 4 Novembre inclus, de 9 heures à 19 heures sans interruption, deux mille nouveaux Jeunes seront présentés dans divers stands répartis dans le Hall 1 du parc des Exposition.

Si l’on en croit la tendance de ces dernières années, le marché de l’occasion – qui se tiendra dans le Hall 3 – devrait cette année encore bénéficier d’un net engouement de la part des visiteurs.

Sont notamment attendus les employeurs de la région Île de France, bien sûr, ainsi que des représentants d’entreprises basées dans nombre de nos belles province et régions de France et d’Outre-Mer.

Les particuliers ne devraient pas être en reste : près d’une centaine de filles au pair ainsi que des dizaines de baby-sitters diplômé(e)s devraient trouver preneurs, pour le plus grand bonheur de nos chères têtes blondes et de leurs parents.

Je me dirige à présent vers l’un de ces heureux propriétaires, accompagné par une splendide jeune femme. Elle porte autour du cou la médaille aisément reconnaissable du groupe des Baby-Sitters. Il reste à connaître son millésime.

—         Bonjour Monsieur Rond (les noms ont été modifiés afin de respecter l’anonymat des interviewés) : votre Jeune Travailleuse est à vos côtés aujourd’hui. Pouvez-vous nous dire en quelle année vous vous l’êtes procurée, et si cette charmante personne a répondu à vos attentes ?

—         Tout à fait. Je l’ai acquise en 2003, et je dois dire que je suis très satisfait des prestations offertes par Edith depuis lors. Ce n’était pas un modèle haut de gamme – nous n’avions pas les moyens – mais nous avons fini par nous y attacher, ma femme et moi.

—         Vos enfants aussi, j’imagine ?

—         Oui, bien sûr. Les enfants aussi.

—         Si elle vous accompagne, c’est pour vous aider dans votre nouveau choix ?

—         En effet. Je compte me séparer d’Édith car, voyez-vous, mes fils ont grandit, et ils ont désormais besoin d’une aide scolaire plus solide pour le collège. Malheureusement, Edith n’a pas les qualifications nécessaires. Lui faire passer des diplômes prendrait trop de temps, et me coûterait cher. En plus, elle vient d’avoir vingt-sept ans et n’est donc plus si jeune que ça. J’espère néanmoins en tirer un bon prix et racheter le modèle supérieur, avec cinq, six ans de moins. C’est pour ça que nous l’avons si bien apprêtée, ma femme et moi. Pour mieux la revendre.

—         Et bien, merci d’avoir pris le temps de répondre à mes questions, Monsieur Rond, et n’oubliez pas : si vous ne trouvez pas chaussure à votre pied, vous pourrez toujours vous consoler en visitant les autres halls du Parc des Expositions, qui accueillent en parallèle le Salon du Chocolat. Alors bonne courses, Monsieur Rond, mais faites attention de ne pas manger trop sucré, ni trop gras, ni trop salé, comme on dit !

—         Merci à vous. Au revoir.

*

Pour conclure ce micro-trottoir, je vous rappelle qu’à l’occasion du dixième anniversaire du Forum Jeunes au Travail, une nouvelle offre à été ajoutée à une gamme de service pourtant déjà fort étoffée : la reprise par les organisateurs d’anciens Jeunes d’occasion, à condition qu’ils aient été acquis ici-même, bien évidemment. C’est, en quelque sorte, une garantie à la revente, comme on en voit fleurir ici ou là dans les offres des agences immobilières de Paris et de Navarre.

Gageons que c’est précisément cette offre inédite qui a fait venir Monsieur Rond aujourd’hui, et que cela lui permettra de changer de Jeune en toute simplicité.

Nous en profitons pour vous signaler une fois de plus le risque qu’il y a à acheter votre Jeune en dehors du circuit légal. Bien souvent, la qualité n’est pas au rendez-vous, en dépit de tarifs qui peuvent être très élevés. Méfiez-vous tout particulièrement des nombreuses imitations et contrefaçons qui gangrènent de plus en plus le marché !

C’était Pascal Bléval, en direct de la Porte de Versailles, qui vous remercie d’être fidèles à notre émission dédiée aux micros-trottoirs. À samedi prochain, pour un autre sujet d’actualité.

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