5 à 7

marionmdm

Synopsis

Depuis quelques mois Alice enchaine les rencontres foireuses, les coups d'un soir, et, il faut le dire, les emmerdes amoureuses. C'est qu'elle sort d'une histoire de deux ans, longue, chiante, avec un comptable radin  et mauvais au lit dont elle ne sait même plus au juste pourquoi elle est restée avec lui aussi longtemps. Sûrement pour faire plaisir à sa mère.

Un soir de bar, elle va faire une rencontre. Il s'appelle Marc, il a des fossettes quand il sourit et il est marié. Elle prend d’abord la fuite, mais se laisse charmer malgré elle - la faute du sourire à fossettes- même si rien ne se passe ce soir-là. Dès le lendemain  ils s’écrivent des mails, beaucoup de mails dans lesquels ils refont le monde et consument les minutes à se raconter des blagues et rire bêtement derrière leurs écrans.

Marc est donc marié : il file le parfait amour avec la femme parfaite que ses amis et son patron lui envient.  Il mène une vie somme toute assez parfaite, il faut insister là-dessus,  dans son loft de banlieue avec ses loisirs de cadre trentenaire, tournois de golf et marathons entre amis. Alice n'a rien de la femme parfaite. Elle est bordélique,  boit trop de bière et de téquila dans les bars, ne gagne pas merveilleusement bien sa vie, a l’estime d’elle-même dans les chaussettes la plupart du temps, et cela s’aggrave avec l’intervention de la dite téquila.

Au lieu de fuir en courant, elle se dit que coucher avec un mec marié n'est certainement pas pire que de s'ennuyer deux ans avec un comptable, et elle plonge dans cette histoire, sans même trop savoir pourquoi, tout simplement portée par la magie l’intensité de ces choses-là. De rendez-vous clandestins, petit déjeuners, sorties de boulot et déjeuner en forme de 5 à 7, ils vont s'aimer très fort pendant plusieurs semaines, jusqu'au jour où Marc décidera de tout plaquer pour elle, car elle le rend plus heureux qu'il ne l'a jamais été. Il la trouve belle, drôle, impertinente, et elle mène la vie qu’il aurait rêvé de mener si les choses avaient tournées autrement pour lui.  Alice y croira très fort et se mettra à l'attendre, espérant qu'un jour il débarque chez elle avec une valise et un air penaud.

S'en suivent plusieurs semaines où ils s'engueuleront très fort : Marc ne pouvait pas lâcher son crédit immobilier comme ça. Au final, il ne plaquera même pas ses cheveux pour elle, et leur histoire si belle et si intense se terminera quand lasse de leur histoire bancale et sordide, elle le quittera pour un garçon beaucoup mieux que lui. Tandis que poussé à bout il lui avouera finalement que sa femme est enceinte de quelques semaines et que ce n’était pas prévu au programme.

Alice reprendra le cours de sa vie, échaudée mais boostée par cette histoire d’amour irréelle, et se lancera à corps perdu dans cette nouvelle histoire beaucoup plus normale que la précédente. Mais toujours une histoire d’amour.

Chapitre 1 : «  T’es vraiment dans la merde ».

Il est 7h30, un lundi matin,  Alice  se demandait comment elle pouvait être debout depuis une heure, lavée, coiffée, maquillée, et pire : épilée. Elle avait à peine le temps de se demander cela, qu’elle doutait déjà : et s’il ne venait pas ? Et s’il avait changé d’avis ? S’il s’était dit que c’était finalement une grosse bêtise ? C’est sûr qu’il aurait raison, et cela l’agaçait au plus haut point ; c’était à elle de dire non.  Il avait quelques minutes de retard, son cœur commençait  à s’emballer, elle écouta à la porte ce qui se passait dans le couloir : il devait  être prêt à  y toquer à ce moment précis.

Son téléphone sonna :  

« Oui ?

-          Tu aurais pu me donner le code… Je suis à la porte. C’est ton dernier moyen de me dire d’aller me faire foutre ? »

Ce léger contretemps résolu, il tapa finalement à sa porte. Elle ouvra, il s’y engouffra, l’embrassa alors qu’elle n’avait même pas le temps de refermer la porte. Elle le repoussa quelques minutes, le temps de reprendre son souffle, et de fermer cette foutue porte pour se planquer de sa voisine la harpie qui notait scrupuleusement  tous les garçons qui entraient et sortent de chez elle. Au cas où l’un d’entre eux terminerait en morceaux dans un placard. Elle le regarda, lui sourit, le cœur qui tapait fort, et l’air amusé lui dit : « Alors là, tu es vraiment dans la merde. »

C’est une histoire qui a commencé dans un bar. Pour Alice, les rencontres dans les bars rimaient avec coucheries, préservatifs et oubli, ce qui lui allait très bien, merci, car elles ont l’avantage de ne pas laisser de traces. Six mois plus tôt, elle rompait en fanfare avec son radin de comptable de mec, le tout par téléphone, en lui disant tu m’emmerdes, point d’exclamation. Il la trouvait trop grosse, elle le trouvait trop chauve. Elle a ensuite vogué de coups d’un soir en plans foireux, dans la bonne humeur la plupart du temps, mieux valait en rire, et tout commençait toujours dans un bar.

Accoudée au comptoir de son bar préféré pour sa soirée entre filles hebdomadaire, elle peinait à se faire servir et demanda donc au barman si elle devait lui montrer ses seins pour obtenir une bière. A côté d’elle, un garçon éclata de rire : «  C’est ce qui s’appelle le prendre par les sentiments. ». Sa bière arrivée, elle haussa un sourcil et expliqua à l’inconnu que c’était purement rhétorique, car au vu des préférences du barman, lui aurait plus de chance de se faire servir en lui exhibant son sexe.

Il s’appelait Marc, il avait des fossettes quand il souriait,  était assez mince, grand et brun. Il avait ce qu’Alice qualifiait de boulot chiant : un truc obscur dans une banque, qui lui permettait  néanmoins de sortir une carte Gold pour lui payer sa bière.  Ce qu’elle refusa. Elle savait  pertinemment que c’était un moyen comme un autre pour lui de ne pas finir la soirée seul:

«  Tu refuses que je te paies ta bière ?

-          Oui, sinon après tu vas vouloir m’en payer une deuxième, puis une troisième, et ma voisine va encore reporter à mon propriétaire que j’ai invité un parfait inconnu pour la nuit. Puis j’ai du boulot demain, donc je dois pas rentrer très tard. Puis c’est une soirée entre copines, donc je ne vais pas les laisser pour toi. »

Elle parlait rapidement sans respirer comme si elle n’avait absolument pas le temps de s’attarder. En vrai, elle se justifiait comme elle pouvait : ce sourire à fossettes lui faisait furieusement de l’œil.  Il lui sourit, encore, et continua :

«  Pas de risque, je suis marié, c’est purement amical.

-          Ah. Tu fais quoi dans ce bar, si t’es marié ? Ta femme n’est pas sur ton dos tout le temps ?

-          En général oui, mais là c’est le pot de départ d’un collègue, donc j’ai une permission spéciale pour boire des bières. D’habitude, elle ne m’autorise que la tisane, tu comprends. »

Quelque chose dans son sourire sous entendait qu’il la draguait, et il lui plaisait beaucoup.  Mais elle s’en tint à sa condition maritale, lui souhaita une bonne soirée entre collègues et paya sa bière. La suite se déroula normalement : elle était avec ses copines pour leurs échanges habituels sur les mecs, leurs bites, l’amour et  les chats d’appartement. Il buvait des bières avec une tripotée de mecs en cravates et costumes gris autour d’une table où ils tapaient tous fort dans le dos de celui qui allait les quitter.  Ils s’échangèrent quelques sourires, à bonne distance, se recroisèrent au bar, mais elle en resta à son mantra originel : « Ne jamais fricoter avec un mec marié ».

Le lendemain en arrivant au boulot elle était de très bonne humeur : la veille  elle n’avait pas bu comme un député russe et mélangé la bière, la vodka, le vin et la téquila comme à sa grande habitude. Elle s’était tenue à ses 3 pintes réglementaires, ce qui suffisait à sa mère pour croire que sa fille chérie était alcoolique mais pas suffisamment pour se trainer une gueule de bois sadique toute la journée.  C’était donc une bien belle soirée entre filles qui, bonheur des bonheurs n’avait pas terminé chez elle à subir les coups de pilon d’un mauvais coup aviné, et qui lui avait fait connaître un sursaut d’amour propre et de lucidité en remballant le très charmant et mignon mec marié du bar. La lucidité et l’amour propre se faisaient bien rares chez elle ces derniers temps, elle était donc très fière d’elle.

Une fois son café en main, à son bureau, elle ouvrit tous ses comptes mails et découvrit avec stupeur un mail du fameux Marc dans sa boîte personnelle

« J’ai demandé ton nom au barman gay (sans lui dévoiler mes parties) vu que tu avais l’air d’être une habituée, et cela n’a pas été trop difficile de te trouver ensuite sur Facebook. Ton profil est honteusement ouvert, on ne t’a jamais dit que c’était dangereux de donner son email publiquement sur Internet ? »

Ah, le fourbe. Le rat, l’enfoiré. Qu’est ce qu’il lui voulait, au juste ? Elle n’avait pas du tout envie de se mettre au travail alors elle lui répondit.

« On ne t’a jamais dit que c’était mal d’espionner une inconnue sur Internet ? »

Deux ou trois minutes plus tard, sa réponse s’affichait, insolente, sur l’écran d’Alice. Son cœur commençait à battre un peu plus fort, c’était mauvais signe.

 «  C’était juste pour poursuivre cette charmante conversation que tu as engagée hier soir à propos de ta voisine, j’adore les histoires de dénonciation. »

C’est ainsi que démarrèrent dix jours de mails ininterrompus, d’une baisse de productivité record, pendant lesquels ils découvrirent qu’ils avaient le même humour cynique et souvent absurde, qu’ils adoraient les mêmes alcools, qu’ils avaient la même façon de voir le monde. Ces mails étaient un ping-pong permanent, les mettant chacun d’une humeur radieuse, souriant stupidement à leurs écrans en cherchant sans cesse quelle vanne ils pourraient bien trouver pour faire rire l’autre.

Marc était marié depuis 3 ans, en couple avec l’heureuse élue depuis huit ans. Il plaisait aux femmes de son service: il avait un beau sourire, était toujours soigné, gentil, poli et surtout très  pris et très sage. Il était le mari idéal que les copines de sa femme lui enviaient.  Il l’aimait sans discontinuer depuis le premier jour, ainsi  que sa vie, son couple, leurs  voyages et autres activités du week-end. Il n’avait jamais dérapé, pas une fois, même ivre mort en soirée à Londres avec ses copains l’an dernier. Sa femme était grande, mince et avait un salaire équivalent au sien, ce qui leur avait permis de devenir les heureux propriétaires d’un magnifique loft, grand, lumineux et rempli de meubles design.

Pourtant par un hasard curieux, il avait flashé sur cette petite brune bordélique dans ce bar. Il adorait leurs échanges, son humour et son appétit pour la vie. Il lui envoyait des mails pour lui dire qu’elle le faisait rire, combien  il l’avait trouvée très jolie au bar et que son ex était un con en plus d’être chauve. C’était plus fort que lui et que son amour pour son loft de banlieue.

A force d’échanges, ils décidèrent de se revoir. Alors que chacun savait que c’était dangereux : l’attirance entre eux était quasi surnaturelle, et au bout de quelques jours, il suffisait qu’ils voient chacun un mail de l’autre apparaître à l’écran pour avoir le cœur qui fasse des saltos arrières dans la poitrine. Le rendez-vous était fixé avant le boulot, tôt le matin, et en tout bien tout honneur.

C’est ainsi qu’on en revient à 7H40, ce matin-là sur son canapé, où ils riaient, s’embrassaient, riaient, et s’embrassaient encore comme des collégiens.  Le bien et l’honneur avaient étonnamment  disparu de l’équation.

Au bout d’un moment de rires et de baisers, Alice le fixa en souriant et lui dit :

 «  Marc, je crois qu’il faut qu’on fixe quelques règles.

-          Hmmm ? Quoi donc ?

-          D’abord, on se contactera toujours par email, je n’ai pas envie de me retrouver dans un vaudeville sordide où ta femme m’appellera à 6 heures du matin à moitié hystérique en jurant de crever mes pneus et d’égorger le chat.

-          Pauvre chat, en effet. Quoi d’autre ?

-          Règle numéro deux : interdiction d’être jaloux de mes autres amants.

-          Ah parce qu’il y en a plusieurs ? Hmph. Bon alors règle numéro 3 : accepter que ce sera éphémère et que j’ai rien de plus que des moments volés à t’offrir.

-          Soit. Règle numéro 4 ?

-          Tu devras toujours rester aussi craquante, drôle et impertinente que ce matin et surtout ne jamais douter que tu l’es. Règle numéro 5 : Accepter que ça peut s’arrêter brutalement, de ton côté comme du mien.

-          Ah mais en prévenant hein !

-          Oui, en prévenant bien sûr.

-          Règle numéro 6 : tu gères la logistique des capotes.

-          Enfoiré !

-          Pas le choix ! Ah, et règle numéro 7 : interdiction de tomber amoureux.

-          C’est vrai qu’on a déjà assez de problèmes comme ça. »

Il devait partir bosser : dans la banque il avait beaucoup de vacances, mais il commençait tôt. Alice, avait la chance, malgré son salaire de misère, de pouvoir bosser de chez elle quand elle ne souhaitait pas être importunée toute la journée par les commerciaux fous de l’agence. Il remit sa veste tandis qu’elle le regardait l’œil pétillant et le sourire aux lèvres. Ils s’embrassèrent une dernière fois sur le pas de la porte. C’était un baiser passionné, plus que celui qu’il avait reçu devant Monsieur le Maire, et bien plus que tous les autres baisers passionnés réunis qu’elle avait reçu.

Une fois Marc parti, elle alluma son ordinateur, les mains encore tremblantes, pour commencer à travailler, toujours ce foutu sourire aux lèvres. Dix minutes plus tard, il lui envoyait un mail, magie des smartphones : « Règle numéro 9 : on devra toujours m’embrasser comme on vient de le faire : comme si c’était la dernière fois qu’on se voyait.».

Cela commençait à faire beaucoup de contraintes pour une relation sans attaches.

  • Ah en effet, la faute n'est pas passsée à la moulinette de mon correcteur consciencieux. Pour le début, c'était le but du concours Comédie Romantique, d'écrire juste le début.

    · Il y a environ 13 ans ·
    Vatar orig

    marionmdm

  • Je ne suis pas spécialement fan de ce genre de film, c'est peut être pourquoi je n'ai pas été vraiment convaincue. Quand on parle de "comédie" romantique, je m'attends à l'accro du shopping, ou bridget jones. Le ton est radicalement différent, et ça c'est bien ! Mais ça démarre plus comme une "tragédie" !
    Je suis un peu restée sur ma faim à la fin (oui, je sais...). Dommage que ce ne soit que le début.
    Dommage également qu'il y ait de si grosses fautes d'accords. "Elle ouvra", ça choque les yeux quand même...

    · Il y a environ 13 ans ·
    Dragon mousse glace orig

    Emilie Levraut Debeaune

  • Rien à voir tu étais pas à une soirée Mad Men samedi? :)

    · Il y a environ 13 ans ·
    Vatar orig

    marionmdm

  • On retrouve la patte du blog. J'aime bien.

    · Il y a environ 13 ans ·
    Portrait orig

    grenouille-bleue

Signaler ce texte