A l'opposé du printemps

Je suis à l'opposé

d'un aujourd'hui

situé, sans doute

à l'autre côté de la terre,

là où avril s'attarde

dans ses fleurs

et les ténèbres blanches.

Tu es encore loin,

sur des rivages

où la tempête secoue le monde,

comme un grelot,

elle verse son tombereau de vents,

et les éclaboussures de mer,

en faisant plier les arbres.

Tu es loin,       mais pas tant

                     qu'on l'imagine :

tu vis comme moi en novembre

en marées d'équinoxe,

et les feuilles arrachées aux arbres,

ont des teintes semblables

à celles d'ici.

Je suis à l'opposé

de ceux qui marchent

la tête à l'envers, sans tomber pour autant

c'est peut-être pour ça

               qu'on l'appelle l'antipode :

eux voient les bourgeons s'ouvrir,

et nous , les peupliers se dévêtir.

Lorsque nous nous rencontrerons encore,

la terre aura tourné sur elle-même

sans que l'on s'en rende compte,

et ce sera à notre tour

de goûter le temps changeant,

avec ses saveurs de printemps,

et d'embrasser nos floraisons  .

RC