A mon père

Prendre un bain, une revue dans mes mains, j'ai le coeur qui tremble plein d'effroi, plein de rage encore, dessiner, vite, ça me fera le plus grand bien, et mon ménage aussi, une maison toute propre, bien rangée. Manger, aimer, prier comme dans le film, me rappeler des gestes de mon père, quelques mots sortant de sa bouche, ce qu'il mangeait au petit-déjeuner en été, un bouillon de légumes, avec des croûtons de pain. Un plat de vrai méditerranéen, grandi dans la terre. Comme j'aimais sa cicatrice au creux de la joue, on eût dit la cicatrice d'un baiser qui s'en va jamais, j'aurais aimé que ce soit le mien... Aujourd'hui tu reposes avec nos photos et quelques fleurs séchées, on n'a pas voulu te laisser seul dans ta dernière demeure, mais est-ce vraiment la dernière? Tu es dans nos coeurs, nos pleurs, nos coeurs, plus que jamais, je n'ai pas voulu aller à ton enterrement et je ne regrette rien. Trouver la force d'entourer ma mère aujourd'hui, on en a tous besoin d'être entouré, une parole suffirait.... à nous soulager, trouver la paix. La paix. Laisser passer le soleil, l'apaisement, dans le rai de lumière qui éclaire le salon, le bureau sur lequel je suis en train de rendre hommage à mon père. Un bien grand mot à vrai dire, mais on en a besoin parfois de grands mots parce que la vie est faite ainsi, de ces moments simples et solennels. Ta simplicité, Papa, n'équivalait que ta grandeur et ta gentillesse. J'aurais aimé dire tout ça à la famille, aux amis venus à ton enterrement. Je n'ai qu'un regret, c'est celui-ci.... Pardonne-moi.  Mais tu me pardonnes, je sais, car tu es bon comme le soleil dans ton jardin, sur du bon pain.