A partir de toi

thib

Photographie William Daniels. Texte avec Ellis.


L'aube venue au pied des gares

L'innocence appelée pour la première fois

L'abandon la musique le chant des départs

 

L'aveu des enfances

Et cette neige sombre

Fondue comme une promesse

Eclairée de mots perdus

Jour de chair les lumières

Débordent les femmes se reconnaissent

A leurs soucis a leurs désirs

Le ciel fait son lit chez les hommes

 

Hantises de toute une vie

La gravité du feu l'expression des miroirs

Et l'orage aux bras d'ombre passé sous les vagues

Touchant chaque rive en même temps de colère

A lire les visages qui leur donne un nom

C'est le matin

L'invincible matin

Le café noir

Et le ciment des appétits

La liberté de la tendresse

La vie payée trop cher

Une graine de nuit pourtant

Arrachée au vertige

 

Les voisins la ville l'espace la mort

S'ouvrent les veines

Entre nos mains

Nous nous touchons pour vivre

Pour nourrir connaître pour nous réchauffer

Nous nous touchons là où l'horizon saigne

Au bout des branches

Hébétudes l'horizon

Ses lentes caresses de raisin

 

Puis nous partons glissons dans l'aube

C'en est fini de l'avenir d'hier

Des langages blanchis des murmures

Des blessures instinctives

Nous n'avons inventé le matin

Qu'une nuit après nous.

 

*

 

Tu as planté le fruit du feu

Dans l'origine de tes doutes

 

Et tu donnes aujourd'hui des nouvelles de demain.

 

*

 

Le vent glisse sa mains sur la ville

Voûtes oubliées rues de poussière

Dos aux hivers

 

*

 

Le crin blanc de ta voix autour de mon regard

Le recueillement des eaux

Devant les os de ta mémoire

Les pensées mûres tombent comme des cendres.

 

*

 

L'été porte des souliers jaunes

Ferme la bouche sur l'enfance des amours

Timide, timide et chuchotée

Attente du prochain baiser

 

*

 

La fleur de ton corps allongé

Toute la fleur toutes les fleurs à boire

Et le secret pour rendre

Les larmes que l'amour apprit.

 

*

 

Sous les pieds l'empreinte d'autre étés

Sur la peau la place d'autres caresses

Les absences dansent sans toucher terre

 

*

 

L'étrange testament des rêves

A la dérive dans la saison de ta bouche

S'est laissé voir

La route est verte

Bleue la route est verte.

 

*

 

Mes sacs sont vides où la mémoire déborde

A la nuit mon corps chante le premier réveil

Gorge affranchie front délivré

A la nuit mémoire renversée.

 

*

 

Tant qu'il y a aura des pierres couleur d'homme

Autour desquelles s'attendrir

Le temps fera chanter les vignes

Et dans l'aube on lira

Le livre clair du sang donné.

 

*

 

Chair couleur libre

Elle donne à l'espace un croissant chaud

Et semble rire

Semble et rit

Se renverse et s'habille

Autour la fenêtre s'enroule

Et la mémoire rêve

L'aube est pleine de vie ancienne

L'aube est pleine de vie nouvelle

 

Et puis son sein

Dont l'ombre un instant détachée de la terre

Liberté couleur chair

Coule dans le jour rond

C'est cette façon de reconnaître

Dont on ne peut pas

Dont on ne peut plus

Imaginer le but

Ou supporter le pas

Mon innocence à bouche bleue

En suivant l'inutile

Tu rends d'une caresse

Tout son éclat à l'évidence

Monde

Amoureux ébloui

 

Monde troublé comme une pierre où rentre l'eau

Tu nous libères d'un baiser tu nous unis.

  • Après-midi Place des Vosges. Un banc et des cigarettes. Deux filles qui s'embrassent sur le bac d'en face. Une qui vient chercher, une qui donne à peine, pudique. Je me souviens. Et puis là où c'était replié sur tes mots. La chaleur. Les mystères. L'inconnu. Toi connu. Merci...

    · Il y a environ 8 ans ·
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    ellis

    • Et le soleil, et sous la peau, le sang. Les pavés. C'était déjà avant l'orage, hein. Avant que. Et il faut bien que les choses finissent par s'ouvrir. Merci. Tu sais. Merci, de partout et d'ailleurs aussi.

      · Il y a environ 8 ans ·
      Vie1

      thib

  • C'est bon de vous lire ensemble.

    · Il y a environ 8 ans ·
    Ananas

    carouille

    • Y a toujours du bon quand elle en est. C'est une alchimiste. C'est pour ça. Merci Carouille. Merci, de bout en bout.

      · Il y a environ 8 ans ·
      Vie1

      thib

  • Je n'ai pas de mots pour te dire ce que je ressens à la lecture, tellement c'est beau et intense, je rejoins Zab, tu es plus que doué et on sent que tu écris avec tes tripes ...

    · Il y a environ 8 ans ·
    W

    marielesmots

    • Marie... le fait de te toucher autant me touche vraiment. Merci de passer si souvent sous mes lignes.

      · Il y a environ 8 ans ·
      Vie1

      thib

  • Très bon moment de lecture. Bravo à vous deux !

    · Il y a environ 8 ans ·
    17c25d2b

    Yitou

    • Merci Yitou, merci beaucoup.

      · Il y a environ 8 ans ·
      Vie1

      thib

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