A ton avis. (2)

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Betty venait de faire un joli bébé, avec tous ses doigts et tous ceux des pieds comme dans la nomenclature des planches anatomiques des magazines de santé. Rien, il ne manquait rien de dessiné à Clovis.

Nous sortions par beau temps, le petit être au jardin de la petite enfance et chez des amis pour lui faire prendre l'air et le mettre à l'aise en société.

Pendant que sa mère lui donnait le sein pour le nourrir et le grandir, je lui prodiguais quelques conseils sur les manières de se tenir à table: -Essayes de roter en mettant ta main devant la bouche et n'avale pas tout d'un coup... t'auras l'air malin quand t'auras plus rien à sucer !

J'avais remarqué, que lorsque nous allions chez Paul et Sophie, Paul ne quittait pas des yeux Betty ni son cul du canapé, que c'était toujours sa 'Soso' qui allait chercher les Tucs et le pâté à la cuisine quand il n'y en avait plus sur la table du salon dans la coupelle bleue.

Paul estimait qu'il avait déjà fait sa journée, qu'il avait le droit de glander et de se faire les pouces après le boulot:

- 50 palettes à enfiler sur des racks à 6 mètres de hauteur, faut savoir les foutres au millimètre près !

Paul était magasinier dans une société de matériaux en BTP et comptait sur son épouse pour étiqueter et ranger le reste de sa vie. Paul était foutu comme l'écartement de deux fourches d'un Fenwick avec au niveau du gyrophare, une haleine de chacal: le gasoil de son engin et les sandwichs au poulet-mayo lui avaient défoncé la tronche et le bide, ses pastis et ses gitanes les gencives et les dents. Paul, placé dans un placard à balais, aurait pu faire chasser toute l'électrostaticité d'un Swiffer, tant l'épaisseur de son molleton rendait impossible et inutile le passage sous les lits.

Betty disait de Soso qu'elle avait du courage de vivre avec un Shrek, et qu'elle comprenait pas comment que quand ils s'étaient connus il avait été si beau, que lorsqu'il portait sa chemise ouverte, le poil bien peigné, la chaîne en or et les dents d'Iglesias, les femmes pouvaient faire la queue pour un timbre !

- Paul était chargé de clientèle à la Poste ?

- Mais non ! Pas plus que toi t'as été caviste chez Nicolas !

- Alors y a pas de rapport !

- Non, y a pas d'rapport ! Mais comme toi, il avait l'art de faire patienter et mûrir toute une cuvée avant de se rendre compte qu'elle avait le goût de celui du bouchon !

- Et pourquoi le timbre alors ?

Clovis aimait bien quand on allait chez Paul et Sophie: il faisait des areu-areu sur les poissons d'un aquarium éclairé et cela suffisait à faire descendre ses paupières dans ses joues.

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