Adieu...

A toi.

Un jour quelqu'un m'a dit qu'il fallait savoir dire je t'aime aux gens qui nous sont chers car on ne sait jamais de quoi demain peut être fait. Il avait raison. 
Toi et moi, c'était un peu comme une glace et son cornet, les pommes et la cannelle, parfaitement assortis. 

Une rencontre faite par hasard, à la maternelle. Age où tout est simple, où l'enfant n'a pas encore cette réserve propre à l'âge adulte.
Je me souviens parfaitement de notre première rencontre, au CP. La plupart des enfants pleuraient, ne voulant pas quitter leurs parents. Contrairement à eux je n'étais pas triste, mais impatiente de découvrir de nouvelles choses, d'apprendre à lire, d'être une grande. J'ai regardé autour de moi, et ai vu, surprise, un autre enfant qui ne pleurait pas, toi. Tu m'as rendu mon regard, mais ce fut tout car il était l'heure d'y aller. Puis comme le hasard fait parfois bien les choses nous nous sommes retrouvés dans la même classe, côte à côte.  Tu m'as alors souri, puis avec cette simplicité propre aux enfants, tu m'as demandé « Tu veux être mon amie ? ». 
Depuis nous ne nous sommes jamais quittés, toujours ensemble. Notre rencontre fut un coup de foudre...mais amical.

Primaire, collège, lycée, rien n'a entamé notre amitié. Entre nous pas de doutes, pas d'ambiguïté, seulement une belle et profonde amitié.
La dernière année au lycée arriva, nous attendions avec impatience qu'elle se termine car nous avions des projets pour la suite, emménager ensemble dans cette ville que nous avions choisie pour poursuivre nos études. 
Rien que nous deux, la liberté ! Enfin c'est comme ça que cela aurait dû être, sans ce soir du 11 juillet, sans cet événement qui changea le cours de nos vies...

Nous rentrions tranquillement d'une soirée, riant, profitant du ciel étoilé, tout allait pour le mieux. Les vacances d'été commençaient, et nous planifions notre prochain déménagement quand cette voiture a surgi. Le conducteur était ivre et n'avait pas vu le feu rouge, qu'il a grillé. Tu as tenté de l'éviter, mais il était trop tard.
Pourquoi fut-ce toi, et non moi, qui fut blessé ? Ce soir-là j'ai entendu tes derniers mots. En trouvant la force de sourire, malgré la douleur, tu m'as dit en balbutiant « Finalement, mourir, si c'est près de toi, ne sera pas aussi terrifiant ». En larmes je t'ai demandé d'arrêter de dire n'importe quoi, que les secours allaient arriver et te sauver. Mais tout ce que tu as répondu, à moitié conscient, « Mais jure que toi tu resteras...» et j'ai juré, avant que tu ne sombres. Tu as tenté de t'accrocher à la vie, mais tes blessures étaient trop graves, tu souffrais trop.

Quand j'ai su que jamais tu ne reviendrais, la vie s'est écroulée. Le vide que tu as laissé en partant était immense, bien trop grand pour que je puisse espérer m'en remettre un jour. La colère et la tristesse m'ont tour à tour envahis. Je n'avais plus personne avec qui rire, à qui me confier, qui me protégeait. Plus personne qui me prenait dans ses bras et séchait mes larmes quand tout allait mal.
Pourquoi toi ? Pourquoi étais-tu parti ? Pourquoi m'avais-tu laissé ? Je ne pouvais te suivre, tu es parti en me laissant seule ici. 
Je t'en voulais de m'avoir abandonné. Je te cherchais là-haut, dans ce monde inconnu où tu te trouves désormais, mais en vain. Je ne voulais qu'une chose, te rejoindre. Mais tu n'aurais pas aimé, car tu me l'avais dit, je devais rester.

Aujourd'hui je pleure toujours ton absence. Cependant j'ai compris que tu n'étais pas tout à fait mort. Je sens ta présence à mes côtés, tu es toujours là, en moi. Et je sais que tu es dans un endroit magnifique, où enfin tu ne souffres plus, où tu es libre.
Nos fous rires, nos joies, nos souvenirs te font toujours vivre. Je n'oublierai jamais qui tu étais, toi, mon meilleur ami, et ce que tu m'as apporté.  Je continue à vivre, pour toi, pour la promesse que je t'ai faite. 
Et je peux enfin te dire ces mots que je n'ai jamais eu le courage de te dire avant : Je t'aime.