L'aimée d'un autre âge.

janteloven-stephane-joye

Si seul’ment on s’était aimé
Sans tous ces bâtons dans les roues
Ces chardons savamment posés
Aux commissures de nos coups
Je t’aurai devancé aux portes
Et précédé tous tes caprices
On aurait fait des chambres d’hôtes
Et des idées noires, du réglisse
 
Si encore tu m’avais aimé,
Je t’aurais pour sûr fait connaître
Le vrai repos des câlinés
Et tout de l’oubli du paraître
Le clos nectar des bruits séchés
Et l’innocence d’un vent de bois
Quand blottie à la cheminée
Je glissais mes doigts contre toi
 
C’est comme ça, que veux tu ?
Illusions ou faux pas
Il faut bien des déçus
C’est comme ça.
 
Si seul’ment tu m’avais croisé
Aux néons de tous ces matins
Où le soleil se fait brasier
Assurant la nuit, du déclin
Je t’aurais porté dans le nid
De ces amours feuilletés
Qu’à peine plus tôt j’aurai cuit
En espérant qu’ils te plairaient
 
Si encore tu m’avais aimé
Comme quand on tombe la première fois
J’aurais tant fait pour écouter
Tes larmes, tes rires, tes peu de joie
J’aurais porté tes utopies
Quitte au passage à m’épuiser
Ton soleil aurait bu mes pluies
Mon fatalisme, nos regrets
 
C’est comme ça, que veux tu ?
Illusions ou faux pas
Il faut bien des déçus
C’est comme ça.
 
Si un jour tu m’avais frôlé
Dans mes vestiges d’écrivain
Tu aurais vu ainsi couchés
Ta bouche en cœur et puis ton vin
Dans ces sépias perdus au front
De ces combats des interlignes
Où en vain je taisais ton nom
Pour ne pas m’en montrer indigne
 
Si seulement je t’avais aimé
Comme sûr’ment, il l’a fait si bien
Promis, je t’aurai fait goûté
A mes dévotions, à mes pains
A ces attentions d’un autre âge
Au trop vouloir te soulager
A faire de ces tout un partage
Au maître mot qu’est de donner
 
C’est comme ça, que veux tu ?
Illusions ou faux pas
Il faut bien des déçus
C’est comme ça.
 
Si encore je t’avais aimé
Différemment qu’à la défaite
Comme un enfant j’aurai joué
A te déposer des mots bêtes
Dans une poche ou même un pli
Tout au fond de ton sac à main
Avec l’espoir que tu souris
A la vision du doux larcin
 
Si seul’ment on s’était aimé
A la hauteur de ces romans
Que tu te plais à dévorer
Quand tu détestes nos présents
Même en y consacrant ma vie
Mes priorités et mes forces
J’aurai malheureusement fini
Par précipiter nos divorces
 
C’est comme ça, que veux tu ?
Illusions ou faux pas
Il faut bien des déçus
C'est comme ça
© janteloven-stephane-joye, 20/09/2013
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