Aimer la mer

Archange Flippé

Les Sirènes de Molène accordent leurs chants au grand vent d'Ouessant pour traquer les âmes en peine. Ces messalines marines se font enfantines, à coups de comptines, et la mort devient mutine.

Les Danseuses de Lune se déshabillent de rosée, glissent sur les mers enragées, sifflent sur les hunes à faire chavirer les marins pour qu'ils deviennent leurs marsouins.

Les Côtes d'Armour palpitent d'or sous le souffle caressant des vents. Les p'tites écumes bien roulées, fins de vagues à larmes blanches, viennent émoustiller les plages parées de grains de toute beauté. Les flots viennent et reviennent et les courses en ressac s'achèvent jouissif en coups de semence dans l'intimité des fissures des rochers. Aimer la Mer à mort, elle d'où toute vie de Terre est née.

Une houle qui vous roule écume, à fracasser vos espoirs, qui vous enclume en tintamarre. Et ce brouillard blafard qui déboule lorsqu'il est trop tard, pour vous étreindre en blues, aux couleurs de l'amer. Et vous, hagard, qui regardez pisser le Temps sur vos châteaux de sable mais qui attendez encore, sans trop y croire, l'heure du prochain raz-de-marée pour décrocher la Lune.

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