Allo, quoi ?

Hervé Lénervé

Drinngdragrelodredaine…Dinngdragrelodredaine…

-         Allo, oui, c'est à quel sujet ?

-         Bonjour madame Lénervé, vous ne me connaissez-pas, laissez-moi me présenter, je suis Nadine Oresto, la maîtresse de votre mari et j'aimerais savoir comment vous vous sentez ?

-         Oui, c'est à quel sujet ?

-         Car depuis cinq ans que je fréquente votre époux, vous devriez être morte depuis cinq ans, aussi je me demandais si… par hasard ?

-         Non ! Merci je n'ai besoin de rien.

-         Vous ne me comprenez pas, madame ou vous avez peur de comprendre…

-         J'ai vraiment tout ce qu'il me faut, je vous assure…. Une grande maison avec un jacuzzi, des rideaux rayés avec une cuisine assortie, un vert jardin avec des voisins mitoyens d'à côté. Au revoir madame, je dois raccrocher, c'est l'heure de dormir à présent…

-         Vous vous sentez fatigué, votre cancer vous épuise ?

-         Non, je suis balance depuis ma naissance… je vais vous laisser à présent… je ne voudrais pas abuser davantage de votre précieux temps… embrassez les enfants pour moi ou le petit chat Mistigriffe au choix.

-         Dites-moi, une bonne fois pour toute, si vous allez mourir ! Oui ou non ! Comprenez, que je n'ai pas une jeunesse à dépenser avec un homme qui ne serait pas libre et me raconterait des contes à dormir dehors et des sornettes de serpents à sonnettes.

-         Madame est sortie, elle ne rentrera pas aujourd'hui, essayer de l'appeler sur le téléphone de son mari.

-         Arrêtez madame, de me prendre pour une conne, merde ! Je veux une réponse claire et définitive, des certificats médicaux certifiés conformes. J'ai besoin de savoir à la fin, il y a trop longtemps que votre petit manège dure ! Vous êtes une malade imaginaire !

-         Ou à son bureau, peut-être ?

-         Une grande malade de la tête, oui ! Par votre obstination, vous gâchez la vie de deux amants qui s'aiment d'amour tendre. Oui, car quand votre mari parle de vous, c'est toujours avec une pitié attendrie sur votre déplorable condition et votre déchéance pitoyable, votre souffrance l'afflige, mettez-y une fin, à la fin ! Un peu de générosité de votre part serait la bienvenue, merde ! Vous ne méritez pas un homme si affectionné et attentionné, fidèle à ses engagements. Mourrez une fois pour toute et foutez-nous la paix, bordel ! Je n'aime pas être grossière, mais c'est vous qui me poussez, dans mes ultimes retranchements, à l'être par votre acharnement à vouloir continuer de vivre coute que coute ! Cela est grotesque et misérable, mourrez une bonne fois pour toute et qu'on n'en parle plus ! Ce serait franchement mieux pour votre image, pour vous. Soyez raisonnable, enfin !

-         A moins que vous ne  la coinciez à la boulangerie où l'on vend du bon pain, juste à côté de l'épicier arabe qui a une 404 Peugeot grise métali…

-         Je vais vous tuer, vous m'entendez, vous butter, vous exterminer jusqu'au dernier râle, comme la sale vermine de merde que vous êtes ! Vous devriez avoir honte de torturer des amoureux ainsi, espèce de vieille aigrie !

-         Cela a été un plaisir de vous avoir, madame. Mes amitiés à votre amant, je coupe…

-         Salope ! Je connais ton adresse, j'arrive pour te faire la peau, illico presto ! Prépare du plastique ça va saigner grave pire qu'à l'abattoir ! Les nazis, Hitler, Pol Pot, la Stasi de Staline, c'est du pipi d'chat à côté ! Putain ! Elle m'a raccroché au nez, la Pute !

***

Mon Dieu ! Mais qu'est-ce qu'il ne faut pas inventer, de nos jours, pour se débarrasser des démarcheurs-raseurs, c'est un monde ! Demain je me mets sur liste rouge. Leur accroche est vraiment de plus en plus, trop intrusive.

Qu'est-ce qu'elle m'a raconté, déjà, l'autre folle, déjà ?

Ah, oui, un mari, maintenant !

N'importe quoi, alors que je n'ai jamais été mariée qu'à Dieu et au Crist aussi, pour la vie. Ne serais-je pas un peu polyandre, moi ? J'irai me confesser demain chez monsieur le curé.

***

Moralité, toutes les femmes ne s'appellent pas Lénervé.

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