Amoureuse toutes les nuits

Je ne suis pas la même. Plus maintenant que la nuit est tombée. Je me sens poussée des ailes. Il est là. Au pied de ma porte à me regarder sans ciller des yeux. Ils sont si grands, si brillants, lorsqu'ils se posent sur moi. Lorsqu'ils me dévisagent avec tant d'insistance. Et voilà que sa bouche me sourit. Il a des dents blanches. C'est ce que ma petite voisine appellerait le « prince charmant ». Mais cette fois-ci, il est réel. Enfin, je crois. 

Il se pointe lorsque les lumières disparaissent. Lorsque le monde dort et que les oiseaux se cachent dans leurs nids. Il est si lourd et si majestueux à la fois … Je n'en reviens pas. Et ce soir, il me propose un voyage. Un autre. Comme hier et avant-hier encore.

Il glisse alors son corps maladroit dans mes couvertures . Je me recule pour lui faciliter la tâche. Je ne suis pas mince et les fêtes approchant, ça ne m'aide pas. Mais il ne le voit pas. Je ne vois que le reflet de mon visage figé dans ses yeux. Heureusement que ce regard enivré reste concentré sur la partie supérieure de mon corps. J'ai de la chance ce soir. Demain, j'entamerai un régime.

Et voilà que sa main glisse sur ma cuisse (Merde!). Son regard s'égare ça et là. J'ai le souffle coupé et le cœur qui bat beaucoup trop vite. Il me caresse et dévoile mes imperfections. Je matte la traversée lente de ses doigts sur mon corps entier. Je suis nue dans ses bras. Complètement, comme un ver. Enveloppée dans ses gros bras. Apaisée, aimée. Je gémis de plaisir lorsque son souffle rencontre le mien. Plus rien ne nous arrête désormais. Il hume avec véhémence toutes les parties de mon corps. Je suis comme tapissée d'un nouveau parfum, d'une odeur inoffensive, d'un venin nouveau me parcourant. Je frissonne sous le poids de son corps et je ferme les yeux la bouche ouverte pour goûter à ses mots.

Nous voilà partis. Je rêve. Je voyage. Je respire. Je vole et je marche en sa présence. Il ne me lâche pas. Il me pousse à. C'est ma came ce délire. Il s'agrippe, s'attache à moi, jusqu'à m'étouffer parfois. C'est bon et paralysant à la fois… Il y a des couleurs autour de nous. Il y a des héros imaginés et des bulles de phrases à la place des nuages. Je m'sens bien le rideau baissé.

C'est un aller-retour. Entre la nuit et le jour. Un voyage obligatoire. Je ne sais pas dire non. Pas si c'est lui. Surtout lorsqu'il se pointe avec les tickets déjà payés. Il m'emmitoufle depuis des années pour des pérégrinations improvisées. J'en suis tombée amoureuse.

Oui, complètement amoureuse de ce Silence.