Au Cinderella Paradise, l’adrénaline comme dans un rêve

Eric Varon

Au Cinderella Paradise, l’adrénaline comme dans un rêve

15 h Noir dans la salle, le show débute. Je glisse ma main à l’intérieur de sa chemise lorsque je le  ressorti il tenait un pistolet calibre .380.  Elle me considéra sans comprendre  qu’est-ce que tu fais demanda – t elle ? Qu’est-ce que c’est que ce pistolet ? C’est pour te tuer,  tu plaisantes est-ce que j’ai l’air de plaisanter ?  il  y a un truc que je n’ai pas supporté. Prise d’otage. « Je veux faire un show métaphysique d’une violence dionysiaque malheur à celui qui abandonne en chemin ses exigences radicales »

Récapitulons notre emploi du temps chargé de la journée

14 h 30 devant l’immeuble du show-room de la firme de haute-couture "Cinderella Paradise" s’assemble une foule de photographes et rédactrices de mode, de blogueurs, fashions victimes, personnes qui s’imaginent avoir un nom parce qu'elles sont photographiées sous toutes les coutures dans les magazines peoples.

Elle était sortie de mon cauchemar plein larmes. Je n’avais pas débandé de toute la nuit et je la poursuivais à travers les bois, dont les  broussailles épineuses écorchaient sa peau nue. L’odeur des plantes aromatiques m’enivrait. J’apercevais parfois à quelques mètres sa croupe  blanche bondir comme un faon. Sa fuite apeurée m’excitait atrocement.  Je tendais mes muscles pour pénétrer son sexe blond, la soie offerte de son ventre. Le premier mannequin  venait d'ouvrir le défilé lorsqu'il lui a attrapé le bras et l'a retenu sous la menace d'un rasoir de type sabre. Pour justifier mon geste, j’avance des revendications floues à travers un discours qualifié de décousu. Je m’étais immobilisé pour admirer la jeune femme, le gout acre de sa peur me martelait les tempes. J’aurais fait un fameux révolté quel dommage que je ne sois pas né à une autre époque. Il y a une semaine j'étais au Japon. Dans un temple Bouddhiste. L'univers est en mouvement et nous sommes d'infinis moucherons confits dans notre importance.

J’étais  arrivé du Japon un peu éméché ce qui est cocasse, pour un homme au crâne rasé. J'avais bu tout le saké qui conservait une racine de ginseng, cadeau destiné au Maître, dans l'avion. J’ai fait un séjour chez les  psy. Le soir on amène un gars bien raide au Mogadon.. Puis un fils de général en retraite, il fait tourner de l'acide. Ensuite mon compagnon de zonzon est un gars qui s'ouvre les veines régulièrement. Décidément la chance me sourit, je reprends contact avec espace 4. Changement d'univers tout le monde descend, thème astral, trou noir,  mort, résurrection : je dors une semaine comme un loir. Jamais je ne retrouverais une telle ambiance d'abrutissement total et de joie de vivre primitive à en hurler de bonheur, de dégoût, de cynisme rigolard d'enfant perdu.

14h 35 « Ne me regarde pas avec cet air horrifié, je déconne mais j'assume, regarde comme je règle mes comptes » me dit mon brin d'orchidée flexible, la fille canon que j'aime, avant de se jeter dans cette foule pour la fendre avec efficacité. Elle va droit sur un type habillé d’un costume bordeaux super classe et lui dit  « Toi,  tu devrais apprendre à fermer ta gueule ». Un uppercut virtuel lancé par une beauté de feu qui se tient face à lui telle une martyre s’attendant à être jeté dans l’arène pour que les lions la dévorent. « Je ne vois pas pourquoi tu dis ça, t’es pas bien, tu t’emportes ! dit le type. Tu as prétendu que je n’avais aucun talent, tu t’es attaqué à ma vie privée, à mon couple avec mon mec elle me désigne du menton. Mon nom a figuré sur la liste des successeurs potentiels pour animer « The Cyber Journal » à la rentrée sauf qu’il n’y est pas resté parce que tu l’as squeezé en prétextant que je n’étais pas assez cultivée !

Le type bat en retraite vers la sortie. « Tu comprends, dis ma copine, nous ne pouvons pas laisser les hommes comme lui  s’approprier  nos émotions et nos idées, notre moi profond pour nous rejeter ensuite en prétendant qu’on n’est pas cultivées, c’est un type cynique qui essaye de faire passer  ça pour de la lucidité ou une élégante franchise. Dur à avaler l’animatrice qui monte suscite la jalousie, sa nouvelle émission sur une nouvelle chaîne de la TNT a battu les audiences de cryptés +. Ils vont être obligés de se reconstruire.»

 

14 h 45 Des coupes de champagne sont servies.  C’est Lana qui organise cette fête. Plus tôt  dans la journée elle écrit sur son carnet des phrases comme « Quand sait-on que la jeunesse nous est reprise ? ». Dans le bois de hêtre où elle va se promener seule, des flaques d’eau miroitaient dans les sentiers boueux, elle pense à Nerval, Aurélia, cette herbe toujours humide, l’odeur de la terre et des feuilles mouillées étaient le véhicule de sa poésie intime. Chez elle la souffrance amène une étrange lumière intérieure, cette concentration n'avait d'autre fin que de sauver son être sans concession des pressions du monde. Elle pensait que les caractères faibles prennent comme les liquides la forme des récipients qui les entourent. Aussi elle rejetait tous les compromis avec les conventions sociales. Après plusieurs jours de pluie, de vent froid et lugubre, où elle avait étudié des tableaux binaires de Peter Klasen qui associent des corps de femmes fragmentées à des éléments mâles ou femelles, oeuvres glaçantes qui exposaient le désespoir d'être un objet de consommation, elle descendait vers une mare entourée de buissons et d'herbes hautes. Sur la rive étaient dispersées des boîtes de conserves rouillées et des ferrailles de toutes sortes; on voyait aussi de larges plaques grises de cendres de bois et de papier journal, là où des sans-abris avaient allumé du feu, dans la douceur de la fin de l'été. Maintenant l'eau verte et visqueuse était profonde, immobile, et portait le reflet de la lumière grise et cendrée, il ne restait que des traces de ces fêtes nocturnes.

14 h 47 Sur les chaises de velours le nom des invités.  

Lana avait le projet étrange d'acquérir de vieux vêtements dans un centre Emmaüs,  puis de se fondre dans la foule comme une mendiante, regardant sans être vue.  Elle observait avec angoisse et compassion les sans-abris visiblement alcooliques, toxicomanes ou schizophrène, peut-être un peu des trois. Chez eux la brutalité du monde n'amenait plus de révolte, habitués à subir, entièrement absorbés par les conditions de leur survie. C’est là qu’elle m’a rencontré.

Derrière un coupé sport, à quelques rangées d’elle, dans le parking souterrain, une silhouette familière… Le jeune homme est trop loin pour qu’elle puisse distinguer ses traits, mais elle sentait qu’il souriait.  Le garçon l'attendait devant chez  elle. « Je ne peux pas vivre loin de vous... ». Elle l’avait reconnu, il lui envoyait des méls passionnés. Pourtant un jour où elle s’était camouflée sous ses vêtements de clochardes il était passé près d’elle sans un regard, était-il possible qu’il l’aimât et qu’il puisse passer près d’elle sans ressentir sa présence ?

Elle se fige, tremblante. Les larmes lui embuent les yeux, roulant sur ses joues.  Maintenant elle est belle insolente narquoise en pleine lumière mais elle avait été une créature sans visage rejetée dans les ténèbres et le néant. J’ai consulté mon Blackberry dit-elle vingt-six appels en absence dix-huit messages vocaux et des dizaines de mails ! Est-ce bien raisonnable ?

15 h Le simulacre de la vie : la vertu c’est la révolte et la révolte est sans espoir. Le premier mannequin venait d’ouvrir le défilé lorsque je lui ai attrapé le bras et l’ai retenue sous la menace d’un rasoir de type sabre plus connu sous le nom de coupe-choux. Pour justifier mon geste essentiellement lubrique j’ai avancé donc avancé, comme je l’ai déjà dit, des revendications floues à travers un discours qualifiés de décousu.

Le show room s’est vidé à toute vitesse. Puis les flics on tiré. Je me suis recroquevillé sous l’effet de la douleur quand les projectiles m’ont atteint. La lune illuminait mon visage .

Les flics on ramassés mes armes et ils ont vu qu’elles étaient factices.

Une mauvaise plaisanterie, alors ?

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