autoportrait(pas inédit)

elisabetha

une réflexion sur ma vie

Elle écrivait des vers. Pour faire rimer sa vie, qui ne rimait à rien. Elle tricotait des mots pour combattre le froid de son âme. Trop sensible, elle se sentait seule. Trop bavarde, elle ne supportait pas le silence.
Il ne lui restait donc qu'à se donner elle même les mots de son présent, réciter en son cœur la poésie de son devenir.

Entre biographie et romanesque, elle cherchait sa voie. Réécrire son histoire, la mâtiner d'un peu de
fantaisie, pour échapper aux ritournelles de l'ennui.
Se divertir sans bourse délier, dans ces jeux qui ne coutaient qu'un peu d'imagination et une crampe à la main droite. C'était en quelque sorte le salaire de l'écrivain.
Le sel de la passion transcendait ses mots ourlés d'adjectifs, aux couleurs irisés de ses déceptions et de ses joies.

Maitresse de son destin, elle ne l'avait jamais été. Au mieux, elle avait été celle de quelques hommes qui avaient jalonné sa vie, muses éphémères qu'elle transformait en amants scintillants, pour remplir les pages de romans que personne ne lisait.
D'ailleurs, c'était de sa faute. Ils étaient toujours inachevés. Soit qu'elle ait peur d'être trop indécente, ou au contraire trop innocente. Ces îles imaginaires elle les partageait pourtant, avec quelques lecteurs admiratifs et affectueux, à qui elle envoyait des correspondances sibyllines, où le vouvoiement était de rigueur.

Elle cherchait à y mettre à la fois de l'élégance et de la distance. Ce qui la rendait nostalgique, surtout à l'âge qu'elle venait d'avoir, la fin de la cinquantaine.








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