Aux couleurs de ma vie
nanou--2
Etre son propre biographe c’est, en quelque sorte, se faire le peintre de sa propre vie. Une vie parfois faite de longues trouées d’ombre et de brèves plages de ciel bleu.
Arrivée à l’âge qui est le mien - 39 ans -, j’ai comme la vague impression d’avoir dû utiliser de multiples couleurs pour colorer un tant soit peu mon existence. Au fil du temps, jour après jour, la palette qui me composait s’est éclaircie, passant ainsi de la noirceur mortifère de mon adulescence au rayonnement intense de mon état présent, l’état d’adulte.
J’habite aujourd’hui pleinement ma vie comme d’autre habite totalement leur maison. Je sais d’où je viens et, j’espère aller, là où je voudrais aller.
Au bout de près de 20 ans, je suis passée des nuances noires d’un Pierre Soulages au bleu solaire d’un Yves Klein. Ce passage long et douloureux par l’obscurité a failli, bien des fois, me laisser complètement blême, voire de la pâleur d’un fantôme. J’ai ainsi risqué, pendant des années, de devenir une fine feuille blanche, vierge de tout semblant de vie.
En effet, j’ai longtemps souffert de cette maladie que l’on appelle l’anorexie mentale. Une maladie qui vous rend prisonnier d’un corps que vous n’acceptez pas et que vous faites souffrir en permanence. De cette toute puissance sur vous-même que vous croyez, naïvement, détenir, il est parfois bien difficile d’en sortir. Pour ma part, je dois la sortie de ma nuit aux mots, ces petites choses peuplant les livres et irriguant mes pensées. Oui, aussi bizarre que cela puisse paraître, les mots m’ont soutenue tout au long de cette maladie. Ils m’ont laissée entrevoir le bonheur solaire qu’il y avait à les côtoyer au quotidien. Ils ont réussi à nourrir ce corps que je niais et dont je voulais effacer toute trace de féminité. Ils m’ont apportée cette envie, tenace, de continuer à me battre contre les coups du sort afin d’atteindre l’objectif qui était le mien : me faire passeuse des livres, de la plume des écrivains au cœur des lecteurs. Je suis ainsi devenue… bibliothécaire.
Peu à peu, à force de fréquenter les mots, je me suis aussi à écrire, sans avoir pour autant l’ambition de devenir écrivain. Cet amour profond des mots m’a aussi encouragée à utiliser ma plume pour écrire à ceux qui sont dans l’ombre, dans le noir obscur d’une cellule. Ainsi, par un curieux retour des choses, je cultive le secret espoir que ces mots qui m’ont aidée à sortir de ma nuit aideront, peut-être, à soutenir ceux qui sont prisonniers du crépuscule de leur vie.
Un texte bien écrit, agréable à lire... Seul le dernier paragraphe m'a un peu dérangée. Il ne manquerait pas un mot dans "Peu à peu, à force de fréquenter les mots, je me suis aussi à écrire (..)" ? Et le mot "aussi" revient deux fois, dans deux phrases qui se suivent, ça fait un peu répétitif. Enfin je soulève de petits détails, je chipote un peu...
· Il y a environ 11 ans ·mallowontheflow
Merci pour ce commentaire. Je ne suis qu'une toute petite plume dans cet océan d'écrivains!
· Il y a environ 11 ans ·nanou--2