Backstage

Combien de fois ne me suis-je pas surprise à chercher mon reflet dans une vitrine, à rester quelques minutes en face de moi, image dans le miroir. Cette sensation d’être totalement étranger à soi. Nous plongeons dans un regard, espérant y trouver un certain écho, une lueur de compréhension. Tout ce que nous percevons, c’est le vide. Une distance entre notre intérieur et son enveloppe.
Je scrute, me dévisage. Qui se cache derrière ces traits, de quelles émotions sont nées ces rides, quels sont les événements qui ont laissé ces cicatrices ? Je découvre aussi, une sensuelle langueur, le désir. Et ce corps étranger appelle les caresses, le plaisir. Il donne envie de faire l’amour. Je me fonds alors en lui. Me trouve belle.
Que je sois seule ou dans la rue, je n’éprouve que plus cruellement cette frontière. En mouvement chez moi, je forme un ballet au milieu de fantômes, faisant sortir de mes entrailles la douleur de ces effleurements absents. En marchant, je n’entends que la résonance de mes talons sur les pavés, la coupure de ces yeux inquisiteurs et ma réponse froide et hautaine pour seule défense.
Qu’importe notre apparence, elle ne modifie en rien ce chaos intérieur qui est le nôtre. Nos paupières sont juste le rideau qui nous sépare du monde. Certains le font de voile, d’autres de fer. Quitte à ne même plus se reconnaître.