Billet d'humeur

Agnès Fonbonne

Petite chronique des temps anciens, quand le H1N1 frappait à nos portes... Souvenez-vous !

Faits d’hiver

            La Goutte au Nez 2009 est un grand crû ! La mise en bouche facile, juteuse en gorge, à servir bien chambrée, à 40°, la cuisse courbatue, mais souple du corps quand même. Elle dégouline d’exhalaisons prometteuses, prête à faire succomber des peuplades entières et tomber à genoux de dodues démocraties. Mais pas gênée pour un sou, la Goutte au Nez 2009 regarde tout le monde dans les yeux, juste au dessus du masque, et dit, « coucou, c’est moi, la trouble-fête de fin d’année, vous savez, celle qui doit vous faire crever maintenant, puisque le prion de ma copine peau de vache n’a pas suffit à vous la boucler ! » Plus tard, on voit la Goutte au Nez 2009 faire sa pépette des grands jours, elle passe à la télé over maquillée, tousse en direct à la caméra, attaque des nouveaux-nés jusqu’à 35 ans, vaccine des politiques grande-gueule et finit par se croûter comme un postillon de tout petit rhume dans des gymnases trop grands pour elle. P’tite mémère…

            Après la goutte, y’a Frida qui déborde du vase. Elle fait des ménages au black. Elle est moche comme une crêve-la-faim, des seins tout triste et hargneuse comme un pitbull. Elle porte ses trois enfants toute seule et à bouts de bras, avec son RSA chapeau. Glorieux bibi... Et y’a aussi Fanette, dans la rue, enceinte jusqu’aux trous de nez, qui exhibe sa brosse à dent comme un trésor de guerre pour montrer qu’elle est propre. Qui boit pour avoir moins froid et n’appelle plus le 115 parce que les places sont prises d’assaut et qu’elle a plus de portable de toute façon. Et Henriette, ah Henriette, qui déambule à poil dans le parc du pavillon de défectologie de l’HP du coin, en appelant Léon qu’est mort y’a longtemps, et leur fille normande qui vient plus la voir jamais. Et Mouloud, le p’tit voisin schizo, tout seul comme un crevard, à pourchasser les rats qu’il voit sortir des prises électriques de sa chambre. Il est trooop dingue, ce mec !

            Ensuite y’a toi, y’a moi. Nous qui sommes en travers, avec nos pauvres mots, nos pauvres idées, nos passe-temps et nos pas de temps. Le froid arrive, on est vacciné ou bien ?..

Signaler ce texte