Boire... sans modération

flemingrob

Critique de l'album "Boire" de Miossec (1995)

« Je vous téléphone encore, ivre mort au matin… », le ton est donné dès les premières paroles. Une voix éraillée, une musique minimaliste et des mots…. Des mots qui frappent, qui touchent, qui dérangent. De l'amoureux trahi noyant son désespoir et sa rancœur dans un port lointain au joueur de football du dimanche en quête de reconnaissance en passant par les désillusions amoureuses et politiques de l'époque, boire nous raconte. Et c'est là sa plus grande force, nous emmener dans un grand voyage au plus profond de nous… avec nos faiblesses, nos doutes, nos vices.


Avec ses textes sombres et cette thématique qui ne s'éloigne jamais des vapeurs éthyliques, Miossec réhabilite les anti-héros, les looseurs du quotidiens, les inadaptés de l'amour et même les fans de Johnny en ressortant des poussiéreux placards une splendide version de « la fille à qui je pense ».


Et que dire de cette pochette ? Un visage juvénile au regard perdu cigarette au bec, callé sur un fond noir accompagné d'un titre minimaliste « - BOIRE - ». Aujourd'hui, celle-ci aurait eu le droit à un brin d'herbe et à un appel à la modération !


20 ans après, une multitude d'artistes estampillé nouvelle scène citent encore cet opus en référence, avec plus ou moins de talents et de succès. Et Miossec, comble de l'ironie, ne peux plus boire une seule cause goutte d'alcool à cause d'une maladie orpheline…


« Le vent chargé de bruits a des parfums de bière » disait le poète. En avril 1995, les effluves se propagent sur les platines en provenance de Bretagne.

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