Brocante des bouts de moi

rageplume

Brocante des bouts de moi

Il traînait en moi, et ce depuis fort longtemps,
Des petits bouts de rien qui m’encombraient beaucoup.
Il y avait pelle mêle, des monceaux de tendresse,
Éclats de rire en rafales, et bourrasques de câlins,
Un morceau de cœur quelque peu rapiécé,
Des trésors de complicité longtemps oubliés,
Des bras, une poitrine pour pouvoir se blottir.
De tout ce beau fatras alors inusité, je décidais un jour de me débarrasser.
A quoi bon garder des choses inutiles,
Qui prennent la poussière et épuisent les sens.
Je les mis en brocante, dans un vide grenier,
Parmi de vieilles toquantes et des cœurs de palmiers.
Une étrange petite fée emporta tout le lot.
Ne croyez pas Mesdames que je l’avais bradé,
Mais je fus incapable du moindre marchandage
Son regard si pur me réduit à néant.
Elle paya le tout comptant d’un chaleureux sourire
Et ne voulus même pas que j’emballe le bric-à-brac.
Je me sentis léger, soulagé, invincible
Mais on ne m’avait pas dit que lorsque l’on se livre
C’est un marché de dupe pour qui aspire au calme.
Car bien que plus léger de cet affreux fardeau,
quand la fée s’éclipsa le manque fut maître mot.
Sa douce présence était pour moi chaleur.
Mais à peine évanouie de mon tendre univers
Un vide dans mon cœur soudain se créait.
Les bras m’en tombaient, ma poitrine se serrait.
Les monceaux de tendresse trop tôt déménagés
Et plus d’éclats de rire dans ce silence glacé

A tout ceux qui prétendent à l’amour raisonné
Il n’est que foutaise, quand on goûte le vrai
Ma belle quand elle s’éloigne quand je dois la quitter
Me fait mourir un peu, je m’englue dans le temps
Mais ne me plaignez point, cette mort est sublime
Chaque fois qu’elle revient, je m’éveille et renais.
Automate amoureux par elle remonté
Je m’agite et m’égaille le temps de son sourire.

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