Bruler les souvenirs

Pourquoi ils sont toujours dans ma tête, alors que je leur avais dit de dégager, loin, pour ne plus souffrir? Ils défilent, comme une série de petits films. Des films heureux alors que mon coeur se gonfle au fil des jours.

Les sourires complices et les chatouilles de quand on était petit dans la salle de bain, tous ensemble, en train de se brosser les dents, ont été remplacés par des cartons.

Les papouilles avant de dormir, emmitouflée dans le lit,  à attendre les lèvres douces de maman et la barbe de papa on été échangées par des étagères vides.

Les calins de matin qui aident à sortir des bras de Morphé ont disparus pour faire place à des crises de pleurs et de longs soupirs.

Les fous rires à table en regardant des jeux télévisés débiles ont été changés par des disputes. Si violentes que je m'isole dans ma chambre sans manger en me bouchant les oreilles.

Les parties de lecture dans la chambre du frangin avec des céréales à porté de main ont été remplacées par des chamailleries et des sanglots.

Les noëls tous ensemble, avec du champagne, du porc et des fruits de mer si dégueulasses qu'on se lançait des défis sont partis. En revanche, j'ai eu le droit à un noël emplit de tension et sans cadeau à cause du manque d'argent.

Les discussions enflammées sur nos journées ont disparu pour être échangées contre des discussions sur la vente de la maison et les appartements.

Ses souvenirs me hantent. J'ai beau leur dire qu'ils n'ont pas leurs places ici, en moi, ils restent.

J'ai envie de les bruler, d'allumer un briquet, ou de les jeter au feu. Qu'ils ne reviennent plus. Je ne veux plus m'accrocher au passé.

Parce qu'il ne reviendra jamais.