Ça sentait le vinaigre.(1)

effect

Extrait de: "L'amour ne nous menait nulle part. On avait d'autres choses à foutre que du violon."

"Devrais-je ne plus pour toi à jamais t'entretenir ? Te voir te laisser t'éteindre, te réduire ? Non, plutôt fermer la porte que de te voir mourir !"

Betty passait la plupart de son temps en courant d'air chez moi. A peine avait- elle terminé ses baisers sur mes lèvres et ses attouchements sur mon sexe, que celui-ci commençait à prendre ampleur et confiance, que subitement, comme vache qui pisse, elle s'en allait ailleurs. Je me retrouvais con comme une bougie chaude laissée sur une table.

- Tu vas où ?

- Chez le coiffeur ! C'est samedi !

- Tu peux pas rester un peu plus ?

- Pour quoi faire ?

Betty pensait plus à ses cheveux et à la couleur de ses racines, qu'au sexe. Son apparence capillaire se faisait plus urgente qu'un empressement de premiers secours sur un incendie humanitaire. J'avais tellement de flammes qui sortaient de tout mon corps que tout un lac n'aurait suffit à le circonscrire. Je vivais constamment sous l'emprise de l'enfer et m'assoiffais d'alcool pour calmer ce dépit.

Je me saoulais à des boissons spiritueuses qui ne cessaient de me rendre de moins en moins spirituel: j'avais une âme de cochon et des cernes plus foncées qu'un make-up dans Godzilla.

Je détestais mon apparence mais je me sentais bien dedans: l'odeur de mes pieds et celle de mes dessous de bras me rassuraient. Je libérais autant de capsules chimiques et odorantes qu'une polaire dans l'effort ou d'une paire de chaussettes en acrylique après une journée de ski. J'avançais dans une gadoue d'amour, je transpirais pour elle dans un mauvais bitume de judée.

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