CARNAVALERESQUE
Apolline
Ce soir j'suis invitée à un bal masqué. Une soirée privée. Je n'en reviens pas, moi qui ne me montre plus en public. En fait l'invit vient d'ma voisine qui me dit toujours que j'suis trop pâle, que je devrais sortir, rencontrer du monde et que c'est comme ça que l'amour entre dans la vie. Je n'ose pas lui répondre que cela m'est déjà arrivé d'assister à une soirée déguisée, juste une fois et que c'est depuis ce temps-là que je m'enferme. Mais bon, ça fait vieux jeu comme réflexion, aussi avec un soupir, je lui dis que je vais y aller. Après tout, cela peut valoir le coup.
Alors je n'ai pas hésité. Sous mon lit, j'ai ressorti une valise. J'allais remettre ma tenue de bonne sœur. Après tout, il y a dix ans, lors de cette fameuse soirée « carnavaleresque », elle m'avait porté bonheur. Toutefois je me demande pourquoi, on veut toujours se déguiser en s'identifiant à un métier. Quoique bonne sœur, pas sûre que ce soit une profession mais ma foi, elle a le mérite de faire bader une troupe de mâles sans se faire toucher. Et comme j'aime pas les risques, cela me convient très bien. Tiens je repense à cette femme allumée, au cœur de ce carnaval chaud bouillant qui avait voulu s'enrubanner de papier à la manière d'Ève. Je vous laisse imaginer les risques non pas du métier mais du personnage et la suite à l'arrivée des pompiers.
Bon, aujourd'hui, fallait pas que je me dérobe et que j'enfile cette robe !
Et dire que c'est ainsi vêtue en nonne, mon bonheur m'était apparue. Beau comme un Dieu. Jamais je n'aurai imaginé qu'il allait flasher, me faire danser et que nos bouches en cœur allaient se déchainer sur la piste aux étoiles. C'était Dieu et ce sera toujours mon feu de Dieu. Le seul capable de me déposséder de mes oripeaux. Vivre nue quand il vient me visiter me semble être une preuve dans l'épreuve. Celle-ci étant que le royaume de nos cieux ne se limite qu'à ma demeure. Mais mon Dieu, qu'il est bon ! Toujours aux p'tits soins pour moi. Il me souhaite toujours de rencontrer un homme à ma hauteur. Mais comment pourrais-je être plus heureuse qu'avec toi ? Lui avais-je déjà demandé, c'est impossible ! » D'une voix grande et convaincante, il m'avait répondu :
- Tu sais, il faut prendre la vie comme le cinéma. Tu vois un film magnifique et tu vas proclamer à corps et à cris que c'est ton film à vie, impossible à détrôner. Et puis un jour, tu en visionnes un autre et là soudain, tu n'en reviens pas tellement cet autre t'aura mis sens dessus dessous… une « tuerie » comme certains disent. Et là tu en riras !
En attendant, voici quasi dix ans que je me range entre mes murs en m'tapant des films de tout genre et aucun ne m'a fait vibrer autant qu' « In the mood for love ». Quel perte de temps, quel gâchis d'l'Amour d'avoir connu Dieu ! Pourtant je le crois car c'est Dieu après tout. Aaaah mon Apollon, vivre avec toi sur une île et danser le sirtaki. Parce que oui, j'avais même appris cette danse. Rien que pour Lui. Oui, je sais, l'amour ça rend fou. Seuls les lucides et les translucides le diront. Allez ce soir, l'amour m'appelle. Je le sens. Qu'est ce qu'il fait chaud… Ma robe de prières me colle… Autant que je ne mette rien dessous. Qui le saura ? À part Dieu, mais ce soir, il ne risque pas de venir.
« Toc toc » cogne ma porte. En train de retrousser mes manches, pfiou quelle chaleur étouffante… je vais ouvrir à … Zut, ce n'est pas ma voisine… Mais c'est QUI elle ?… Cette poupée aux genoux serrés, dans sa tenue de cuir noir, masquée jusqu'aux yeux… Glups… ces yeux révolvers que je reconnais maintenant. Ah oui, nom de Zeus, pas possible, j'avais zappé Lara… la femme de Dieu. Bon sang, je n'avais pas vu ses pistolets browning GP dans ses mains. Vlà qu'elle m'oblige à m'pousser contre un mur du salon. Non, une bonne sœur, on ne peut pas lui tirer dessus. De toute façon, j'ai plus l'cœur à trembler. Et puis d'abord, je l'avais bien cherché. D'avoir osé se frotter à Dieu aussi longtemps, un jour ou l'autre y a forcément des retombées. La preuve dans l'épreuve. De toute sa hauteur, la guerrière s'approche de moi, me renifle le cou, puis recule d'un pas au bruit de son Pan effrayant ! Un coup de son doigt crocheté maladroit l'avait fait reculer contre son gré. Puis d'autres coups encore à répétition se lâchèrent dans ma direction.
Bon sang de bon sang, c'est bien ma veine. Je suis en train de me saigner sur le carrelage… Je suis sonnée. Le mur derrière moi est défoncé. Tant mieux. Parfait pour m'envoler. Je flotte dans l'odeur rouge de l'amour. Quelle tuerie ! L'Amour m'appelle. Je ferme les yeux, me laisse tomber au ralenti, enfin prête pour l'autre rive. Un autre Dieu là-bas est-ce réalisable ? … J'en crève. Et puis j'en ris.
Merci et Bien à vous les Amis du We !
· Il y a plus de 5 ans ·Apolline
Quand Apolline se lâche, on ne sait jusqu' où , elle est capable d'aller :)
· Il y a plus de 5 ans ·marielesmots
Bonjour apolline,
· Il y a plus de 5 ans ·Ah ! quand apolline erre...
Telle une ombre alanguie, qui rôde, apeure, et fuit,
Troublant l'âme en émoi, d'une folle irraison,
Plane le soleil noir, à l'aube de la nuit,
Portant l'oriflamme, des états d'oraison,
D'un funeste destin, qui soupire sans bruit !
© Paul Stendhal
...dans son rêve, nous transporte à l'orbe des confins, dans son empyrée, en se brûlant les ailes près de la sphère armillaire, nous sommes captivés par sa prose enchanteresse !
Ton texte est très intéressant, empli d'une ironie qui ne peut nous laisser indifférent.
Permets-moi de partager avec toi ce poème de ma composition, qui dans une autre approche, aborde un thème similaire :
L’enfant et le soldat
Un soldat recouvert d’un papier de soie bleue,
Sommeillait sous une couette de fortune.
Dans la boite ainsi posée, il semblait heureux,
Et se mit à rêver qu’il était sur la Lune.
Il sortit de son lit de carton pour la voir,
Et d’un bon, il se trouva debout sur du sable,
Qui projetait des reflets bleutés plein d’espoir,
Le réconfortant d’une peine inconsolable.
Triste et troublé de ne plus voir sa belle amie,
Il ne put se retenir de verser des larmes,
Tombant de ses joues en fines gouttes de pluie.
Elles n’ôtaient rien au chevalier de son vrai charme.
D’un revers de main, il s’essuya le visage,
Et regarda devant lui le beau paysage.
Un océan de couleurs brillait à ses yeux,
Révélant la beauté d’un magnifique lieu.
Cette Lune rendait son rêve si merveilleux,
Qu’il se senti alors d’un coup bien valeureux.
S’avançant sur des chemins parsemés de fleurs,
Il aperçut au loin une belle lueur.
Elle venait d’une maison au petit toit de chaume,
D’où une cheminée répandait sa fumée.
En frappant à la porte il entendit des psaumes,
Et reconnut la voix claire de sa bien-aimée.
En robe de mousseline bleue, elle apparut,
Ses deux grands yeux verts brillants, embrumés de pleurs.
Mais reconnaissant son preux chevalier sur l’heure,
Son visage s’éclaira d’être enfin secourue.
Le valeureux soldat, dans ses bras l’étreignit,
Si content d’être à nouveau en sa compagnie.
En dormant, la belle enfant laissa choir sa main,
Libérant le paladin pour un long chemin.
Se cognant dans sa chute, il se mit à rêver,
Près de la veilleuse où il avait atterri,
Voyageant seul dans ses songes pour la retrouver,
Prenant ce fanal pour l’astre d’une Icarie.
Au crépuscule venu, quand la Lune est brillante,
Dans le firmament passe une étoile filante.
A bien y regarder, on peut y voir, heureux,
Une belle enfant et un fier soldat, entre eux.
© Paul Stendhal
Merci apolline, et que ta plume continue à nous ravir !
Note : 5/5
Bien Amicalement.
Paul Stendhal
C.E. le jeudi 08/08/2019
Paul Stendhal
Brrrrr :)
· Il y a plus de 5 ans ·ade
Apolline croft ? De mieux en mieux...arghhhh tu te laches ...;)))
· Il y a plus de 5 ans ·Patrick Gonzalez
good
· Il y a plus de 5 ans ·maruki
Le mariage ouvre la vue et puis il faut arrêter de prendre des psychotropes :o)))
· Il y a plus de 5 ans ·daniel-m