Carr'four du temps

Thierry Soria

CARR’FOUR DU TEMPS

 

J’ai cru

Aux mains tendues

Au messie venu

Au diable à ses sbires

Au bon comme au pire

A Dieu d’ailleurs

A des jours meilleurs

J’ai cru

A l’amitié des hommes

A la tendresse des femmes

A ce corps de madone

Qui jamais ne se donne

Aux putes à talons hauts

A tout leurs oripeaux

J’ai cru

A ce fol amour succinct

Qui meurt au petit matin

Aux mots dits dans un soupir

Et qui au matin expirent

Aux souvenirs passés

Aux pensées dépassées

J’ai cru

L’avenir aussi fort

Aussi froid que la mort

Les rêves et les cauchemars

La place vide dans le plumard

J’ai cru et j’ai voulu

Plus jamais j’veux plus

Carr’four de l’ennui

Bras d’fer avec la vie

Demain est aujourd’hui

Présent qui s’enfuit

Carr’four de l’inconnu

Si tu rêves t’es perdu

Tu dis « Si j’avais su… »

Et déjà t’es foutu

Carr’four du temps qui passe

Un matin tout s’efface

Carr’four du temps qui passe

Demain toujours menace

Aujourd’hui je crois

A une génération perdue

Manipulation entendue

Démagogie chronique

Liberté utopique

Compassion apparente

Déchirure imminente.

Aujourd’hui je crois

A ce putain d’argent

Son pouvoir de géant

A l’achat du silence

A tout ce qu’il dénonce

Etouffer le troublions

Museler la révolution.

Aujourd’hui je crois

Aux mômes de rien

Traitées de vauriens

Aux regards clos

Sur les ruisseaux

Population révoltée

Contre la minorité.

Aujourd’hui je crois

Aux banlieues perdues

Les riches n’y ont pas la vue

L’argent en fer de lance

Toujours relance.

Le fric en est le droit

A tout cela j’y crois.

Carr’four de l’ennui

Bras d’fer avec la vie

Demain est aujourd’hui

Présent qui s’enfuit

Carr’four de l’inconnu

Si tu rêves t’es perdu

Tu dis « Si j’avais su… »

Et déjà t’es foutu

Carr’four du temps qui passe

Un matin tout s’efface

Carr’four du temps qui passe

Demain toujours menace

 

Je ne crois plus

A l’amour, ses artifices

A ses élans factices

Au visage épanoui

Quand le sexe à agi

A la parole facile

Qui se veut docile

Je ne crois plus

Aux cœurs des femmes

Traitresses dans l’âme

Tentatrices démoniaques

Lovée sur un clic-clac

Aux caresses faciles

Mante religieuse habile

Je ne crois plus

A mes rêves d’antan

A l’avenir brillant

Aux paroles d’évangile

Best-seller infantile

Aux devoirs des hommes

A sa vertu tout comme.

Je ne crois plus

A cette fausse liberté

Démocratie amputée

A l’égalité des êtres

Pseudo fraternité.

Je n’y crois plus

Je n’en veux plus

Carr’four de l’ennui

Bras d’fer avec la vie

Demain est aujourd’hui

Présent qui s’enfuit

Carr’four de l’inconnu

Si tu rêves t’es perdu

Tu dis « Si j’avais su… »

Et déjà t’es foutu

Carr’four du temps qui passe

Un matin tout s’efface

Carr’four du temps qui passe

Demain toujours menace

Et je vais

Verrouiller le cœur

Aller au cœur

Des nuits illusoires

Me faire des histoires

Accoudé au comptoir

Boire pour boire

Et je vais

Sur ces femmes d’un instant

Au bas résilles affriolants

Allonger mon corps

Sans aucun remord

Sans amour, vide de rien

Sans un mot… rien !

Et je vais

Traîner mes guêtres

Vers mes amis du tertre

Mes compagnons de voyage

Ceux partis sans bagage

Lever encore mon verre

A bientôt Dieu le père !

Et je vais

Vivre et non jouer

Certes ! Le cœur noué

Très belle est la vie

Les yeux fermés, c’est ainsi.

Je vais

Me perdre et… vous le savez.

Carr’four de l’ennui

Bras d’fer avec la vie

Demain est aujourd’hui

Présent qui s’enfuit

Carr’four de l’inconnu

Si tu rêves t’es perdu

Tu dis « Si j’avais su… »

Et déjà t’es foutu

Carr’four du temps qui passe

Un matin tout s’efface

Carr’four du temps qui passe

Demain toujours menace

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