Ce matin.

nikki

Ce matin je pensais, elle va me manquer cette rue qui cache mon inspiration depuis des mois. 

Tous les jours (du lundi au vendredi, hors jours de congés et RTT).

 

Entre 7h et 10h (selon l’humeur). Mon réveil sonne, je l’éteint. Me rendors. Tu m’appelles, ou m’envoie un message, ou tu es là.

Entre 9h et 11h (selon le point précédent). Je sors de chez moi. Il fait beau ou pas, froid ou pas. Je vais à l’arrêt de bus. Monte dans le 127. Descend au terminus. Monte dans le métro, dernière rame. Sors une station plus loin. Monte les escalators. Odeurs de croissants chauds de la boulangerie à côté de la bouche de métro. Feu rouge. Je traverse. Magasin de scooter, banque, restaurant. Je tourne à gauche, rue Robespierre. (Certains jours, trop crevée, trop froid, je monte dans le 318, descends 2 arrêts plus loin, flemme quand tu nous tiens!)

 Alors à ce point là il se passe quoi? Voilà l’histoire….

 

J’arrive en haut de cette rue qui, en soi, n’a rien de particulier. A part peut être qu’elle est en descente et qu’elle me permet d’apprécier enfin un petit bout de l’étendue du ciel, qu’elle a un certain charme car elle traverse au moins 2 ou 3 pays (le Mali, la Boboisie et la Bureauoisie) et que le peu de boutiques qu’elle héberge est un panel extaordinaire de la diversité française. (Merci au passage à la ville de Montreuil de m’avoir fait découvrir un endroit que j’apprécie énormément et que je range au même niveau que le 20ème ou le 18ème).

 

Et là??

 

Là, mon cerveau est éveillé enfin, il n’est plus pollué par les autres, les transports, l’heure tardive, ni même par la faim. Il est disponible et frais. Alors il pense, d’un coup comme ça. Il est parfois morose (quand nous nous sommes disputés, quand je ne t’ai pas eu, quand j’ai un souci, une mauvaise nouvelle, un cauchemar qui traîne encore…), mais le plus souvent il est inspiré.

Et c’est à ce moment là que naissent une bonne partie de mes écrits. En descendant cette rue. Je regarde autour de moi. Souris au gens qui me laissent passer. Suis polie avec la boulangère. J’ai souvent la pêche et la banane qui va avec.

Et il se passe souvent ceci. Une phrase naît. Soit de mes réflexions sur ce qui m’entoure. Soit de mes opinions sur les conditions de vie de ceux qui m’entourent. Soit du bonheur de vivre avec toi qui m’entoure. Soit de la joie de connaître ceux qui m’entourent. Soit de l’envie de connaître ceux qui m’entourent. Soit de voir mieux ce qui m’entoure. Soit de sentir encore ce qui m’entoure. Longtemps.

Et là les mots s’enchaînent tous seuls… Une rime.. une anaphore.. une allitération.. une prose.. un rythme.. un son.. une musique.. Tout ça se mélange et tourne dans ma tête l’espace de ces quelques minutes qui me séparent du haut de la rue au bas. Soit quelques mètres en somme, 200 tout au plus. Ils vont me manquer je l’avoue. Ils rythmaient ma journée, ils me permettaient chaque jour d’arriver ici, dans ce bureau, avec le sourire et le sentiment d’être moi tout à fait. Et j’espère retrouver un endroit tel que celui là. Anodin pour tous, et si fertile pour moi.

Madame la rue Robespierre, d’ici la fin, il nous reste exactement 6 matins à vivre ensemble. Et si je ne prends pas le métro pour une autre direction que ma maison, 6 soirs. Le soir, tu m’as permis de souffler, vider, téléphoner, courir, m’essoufler (tu montes dans ce sens), et surtout d’aller vers ailleurs.

Alors je vais essayer de rendre ces quelques moments fructueux. Pour me souvenir de toi, et tenter de te faire revivre dans une autre ville. Et je vais te prendre en photo aussi pour illustrer mes propos. Comme j’ai voulu le faire si souvent. A demain matin.

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