Ce matin-là, Arthur s’était réveillé avec un mal de tête inouï
Stéphan Mary
Ce matin-là, Arthur s'était réveillé avec un mal de tête inouï. Était-ce dû à sa consommation d'alcool abusive la dernière nuit ? Vous aviez bu plus que raison, raison de toute une vie. Bien sûr mon cher Arthur vous étiez entre amis et aviez décidé d'une orgie. C'était votre anniversaire, vos vingt ans et comment ne pas fêter d'avoir été le roi de cette putain de nuit ! Arthur, je vous parle et vous le redis « Ce matin-là, Arthur s'était réveillé avec un mal de tête inouï ». Dans d'autres circonstances nous en aurions ri. Cela ferait presque le titre d'une nouvelle patraque d'ennui. Mais dans les décibels du rock métallique, les feux d'artifices scéniques avaient couverts quelques instants le début de ce massacre inique. Ils étaient arrivé dans nos dos pour assassiner un rock pas très à Billy. Je dis-nous car j'étais là moi aussi et comme vous j'ai vomi. J'ai dégueulé la peur des plus de frère de sœur de père de mère ; j'ai perdu le sens du nord du sud de l'est et comme vous j'ai eu la chance d'être à l'ouest de ces abrutis. Je ne savais plus moi-même où ramper par-dessus les corps sans vie, les vêtements ensanglantés, la vue brouillée quand votre main j'ai pris. Vous aviez saisi mon instinct de survie et sans un mot vous m'aviez suivi. Nous nous étions réfugiés dans les chiottes serrant des dents et la peur au ventre au milieu d'autres survivants quand je vous ait remis. Ce matin même mon cher Arthur, parce que vous vous étiez réveillé avec un mal de tête inouï, SOS médecin vous aviez appelé et c'est moi qui vous ait entrepris. Vous m'aviez expliqué que pour rien au monde vous ne rateriez le concert de la prochaine nuit. Le cachet à base d'opium a dû faire son effet puisque le soir même vous étiez au Bataclan oubliant votre migraine et ses effets pourris. Mais il y a eu une autre migraine, un collectif mal de tête inouï quand les kalasnikov ont fait entendre leurs bruits arythmiques. Vous et moi Arthur ne pouvons comprendre ces non-sens archaïques. Nous sommes des survivants d'un monde trop complexe et trop loin de ces putains d'études systémiques. Nous ne pouvons accepter les méandres tortueux de ces pensées antiques et sommes les ennemis jurés survivants à cette nuit cataclysmique. Nombre de nos amis sont tombés sous les balles de l'ennemi nous laissant seuls survivants la rage au ventre et le deuil infini. Et voilà que je viens d'apprendre votre décès mon ami. Je suis médecin des corps survivants mais je n'ai pu que vous sauver en vous octroyant quelques heures de survie. Je me souviendrai toujours de vous et j'écrirai un livre et vous fait la promesse que le titre sera « Ce matin-là, Arthur s'était réveillé avec un mal de tête inouï… ».
C'est un angle poignant pour parler de la fraternité humaine, bien impuissante contre l'horreur
· Il y a plus de 8 ans ·julia-rolin
Merci Julia de ce commentaire sensible. Oui cet angle me paraissait interressant parce qu'on ne parle pas de l'horreur et du traumatisme des premiers secours alors que cela a dû être terrible, vrieaiment terrible
· Il y a plus de 8 ans ·Stéphan Mary
Oui que ces vibrations demeurent ! Pour la mémoire! Frissons et émotion ravivés par ton texte super bien écrit! Merci Stephan.
· Il y a presque 9 ans ·Colette Bonnet Seigue
Merci Colette. Venant de toi c'est un beau compliment et ton dernier texte est le contre-pied. Tu parles d'espoir quand je ne fais qu'un constat... Bisous
· Il y a plus de 8 ans ·Stéphan Mary
très vibrant Stéphan ! émotions
· Il y a presque 9 ans ·Marie Guzman
Merci Marie. J'aimerai que ces vibrations ne tombent pas dans l'oubli avec le temps...
· Il y a presque 9 ans ·Stéphan Mary
Merci .. je ne peux rien exprimer devant l'horreur ..
· Il y a presque 9 ans ·nombredor75
Metci. que le nombre d'or reste cet espace dans lequel la mémoire ne s'efface pas
· Il y a presque 9 ans ·Stéphan Mary