Ce n'est pas.

Cet après-midi-là, il y a comme une ambiance de récréation. Les rires bruissent à chaque pôle du plateau trop grand. L'approche des vacances pour beaucoup peut-être. De la légèreté vaporisée un peu partout. Fenêtres grandes ouvertes. Personne pour se plaindre d'avoir froid. Du café en effluves quand on traverse. Certains rires qui vous courent sur l'échine. Certains qu'on entend à peine. Marie observe le nouveau avec un petit sourire.

_ Tu habites loin ? lui demande-t-elle tout à coup.

_ Non. Un quart d'heure de voiture. Pourquoi ?

Elle sourit encore doucement.

_ Ce soir, tu dois rentrer tout de suite après le boulot ? Ou tu as le temps pour un café ?

Le nouveau a l'air surpris. Il bredouillerait presque. Gamin de trente-cinq ans. Au bas mot. Le temps de se redonner une consistance, il lève un sourcil.

_ Un café, à 18h30 ?

Là, c'est elle qui rougit.

_ Oui, ben j'ai dit un café, tu peux prendre une limonade. C'était juste pour…

_ Ne pas dire « prendre un verre » ?

Désarçonnée. Il lui a coupé le sifflet. Il est moins timide qu'il n'y paraît, en fait, le nouveau. Pourtant, il ne sourit pas. Il aurait presque même un petit air grave et triste.

Marie ne se démonte pas.

_ Bon, tu veux bien « ne pas prendre un verre » avec moi après le travail ?

Il baisse un peu la tête, avec un de ces sourires qu'on ne peut pas retenir, un qui vient du ventre.

_ Oui. Oui, Marie, je veux bien.

Elle sourit. Yeux brillants pleins de rire retenu et joues un peu rougies. L'audace. En elle quelque chose soupire l'exploit accompli. Et quelque chose lui picote le bout des doigts. Ce n'est pas un premier rendez-vous. Ce n'est pas un premier rendez-vous.

_ Cool.

Cool.