Ce printemps ressassé

Susanne Derève


Ce printemps ressassé,

que les  poètes encensent  

leur ferai-je l'offense

de le mettre au panier ?

 

Reviennent les grands ciels plombés

et leurs frileux rayons de lune

pluies amassées,  nacres de brume,   

 

l'hiver alors régnait

et j'y cherchais fortune    

à l'aulne des nuits de Janvier                                                   

 

Écluses au bois glissant,

corps morts et ces barques gisant

dans l'encoignure des ports

 

chemins aux ornières de givre

où le pas crisse, sentiers déserts   

Je pouvais y dire des vers

 et même les  dire en chantant 


Qui m'aurait  reconnue dans le vent

quand je me délestais des mots

en n'ayant plus à les contraindre

 

tandis que s'épuisait l'écho

bien avant l'annonce  de ce printemps 

malingre et de ses oripeaux

 

J'ai  parcouru des grèves  ardentes  

avant que les premiers bourgeons

viennent y crever leurs gangues brunes  

 

au dessus des vallons

rejoint  d'étroites sentes

pour monter vers le Nord

                                             

là haut traînaient encore  quelques traces

de neige où mon pied s'est glissé

pour y laisser l'empreinte sacrilège

de mon soulier



Peinture :  Tom Thomson ( Northern lights , spring)  

 

 

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