Ces femmes qui chantent sur le nous, le noi.

Laure Cassus

Pensiero stupendo - Bambola -Sentimento


La voix râpeuse de Patty Pravo qui te parle depuis un vieux micro, depuis les graves, elle qui dore des paroles d'amour d'une voix rêche, elle rôtît bien le son d'un petit râle de fond de gorge. 

Elle déroule, pas à pas, les mots sont appuyés sans inutile insistance, et finalement de petites intonations de fille apparaissent en harmoniques de fin de phrase.

Il y a un mélange masculin dans cette voix de femme et la mixture est hyper sexuelle. De cette époque où les femmes sexys avaient de la trempe plutôt que la fragilité. Les voix sensuelles, un modèle féminin de voix basse qui ne fait pas genre. Genre… je suis, oh…tu es, oh oui. Non là c'est le nous qui est dans le ventre.

Y a du caractère, de la romance à l'italienne, on répète pas un refrain déjà trouvé, on y va, on s'impose, on improvise, on envoie les violons, on envoie le désir, le cœur, le corps, la voix, le souffle et tout. Puis on laisse une note partir et on lui dit adieu, on s'en fout d'une note, d'une larme, quand on a une voix comme ça, avec des tripes et du sentiment.

Et voilà cette entourloupe musicale tout autour de nous, dans une dolce vitta qu'on ne rencontre qu'en été, le soir, quand il fait sec et chaud, et que ça sent bon, en provenance du sol. Rattrapés par les odeurs des arbustes enfin libérés du soleil. Ils embaument, ils donnent ce que la caresse solaire a fait monter toute la journée entre leurs fibres sinueuses. Fortes, capturantes. Capiteuses, voilà c'est ça.

Ça sent l'adulte et la terre.

8/10

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