Chemin de quoi

Perrine Piat

J'ai voulu t'escalader, te grimper dessus mais tes formes généreuses ont eu presque raison de ma volonté. Avec ta jupe en escalier, j'en ai du travail, impossible d'en voir le bout. Aurais-tu un trésor à cacher, que renferme donc autant de beauté, d'euphorie, de passion ? Je n'avais pas le coup de rein pour arriver là-haut, pour voir tes saints. Impressionnée par ta hauteur, subjuguée. Certains critiquent ta tête dôme infâme, tes courtisanes et autant d'hommes à femme. Je suis restée ici bas à te regarder te faire marcher dessus par les plus valeureux. Que tu es belle. Tellement inaccessible. Tu ne t'offres qu'aux plus courageux. Tu répètes « il faut mettre un sacré cœur à l'ouvrage pour atteindre mon âtre ». Allez, ne fais pas ta butte. Laisse-moi entrer, te sentir, t'admirer, te découvrir. Je ne suis pas las du p'têtre, je sais que j'y arriverai. Place du Tertre, tartre, théâtres, tartes, caricatures sans tact. T'as les plus belles Michou soirées qu'on peut imaginer. Tu répètes «  il faut mettre un sacré cœur à visiter mon mat très haut, très beau ». Si ce n'est aujourd'hui ça sera tout morose et tomorrow sera sûrement demain. J'y arriverai. Quitte à finir-cul-à-l'air à force d'essai. Et si je ne peux me payer cette butte à pied, de but en blanc, le funiculaire m'emmènera déguster ton dôme délicatement marbré, saveur basilique. 

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