Chronique d'un ennui mortel - 1

kira

- Lundi 2 aout 2010 -

Le temps passe doucement, calmement, indolore à ma volonté de le faire plus vite avancer. Les mêmes sons ne cessent de revenir bercer et enquiloser mes appendices sonores. Inexorablement, tout se répète dans une astucieuse mélodie de redondance : le téléphone sonne, il est décroché déclenchant alors une séquence oratoire préenregistrée, puis le clavier se laisse marteler tranquillement résolu à laisser ouïr son claquement maussade et répétitif, l’imprimante s’enclenche, une paire de doigt vient se saisir du compost de papier utilisé afin de donner un semblant de crédibilité écologique à l’entreprise, puis vient le mortel coup d’agrafeuse mettant un terme à cet incessant cycle. Derrière retentit le tumulte sans RTT d’innombrables véhicules motorisés dirigé par des individus proches de la névrose, se rendant eux mêmes sur leurs lieux de travail afin d’agrémenter leurs comptes en banques de quelques centaines d’euros qui permettront de remplir le frigo pendant 2 semaines au mieux. Parfois, cette routine se voit ponctuer d’autres colériques acteurs auditifs: des grognements, des soupirs, des feuilles qui se froissent, se déchirent… Devant moi un écran figé sur Excel où les lignes défilent à un rythme irrégulier (méthode utilisé afin de fournir un semblant d’intérêt a ce qui n’en a pas), 792…806….949… J’évite de lorgner sur cette facétieuse garce qu’est ma montre, de peur qu’elle ne ralentisse le temps d’avantage qu’il ne s’auto-saborde lui même. Open Space, le cauchemar des solitaires, je me sens comme dans une vaste fourmilière, le sommeil me gagne, et pourtant je lutte. La machine à café rythme mes moments plus morts que les autres, bienvenue aux affres de la déshumanisation. Au loin, je vois une fenêtre. 1065, plus que 937.

  • Au même titre que le compost de diverses matières organiques, le compost de papier a été instauré par Lord président de la société générale afin de pallier aux bavures de ses traders...
    Enfin bref, je m'égare, merci bien.

    · Il y a plus de 12 ans ·
    Dr.house avatar1 orig

    kira

  • J'ai vu qu'il y a 4 parties, j'aime beaucoup ce début.
    L'ennui, la lourdeur de l'atmosphère, c'est habilement transcrit.

    · Il y a environ 14 ans ·
    Default user

    vertige-des-points

  • Brigitte > Certains crévent en effet de cette maladie appelé l'ennui, par manque de reconnaissance et souvent de considération, mais cela on en prends souvent conscience que lorsque l'on est passé dérrière le comptoir.
    Kô > Merci

    · Il y a plus de 14 ans ·
    Dr.house avatar1 orig

    kira

  • Tant que les "déshumanisés" écrivent comme ça, y a de l'espoir

    · Il y a plus de 14 ans ·
    Bambou orig

    ko0

  • C'est vraiment bien exprimé. Tellement de gens crèvent de ce que tu racontes aujourd'hui.

    · Il y a plus de 14 ans ·
    Imgserver orig

    brigitte--2

  • Oui effectivement, j'avais notifié ce texte a la hate entre deux appels, je l'ai modifié en "Quotidien", c'est un peu plus approprié je pense.

    · Il y a plus de 14 ans ·
    Dr.house avatar1 orig

    kira

  • " Au loin, je vois une fenêtre. "
    pas vraiment de la paresse ( comme laisse croire le sous titre)
    l'ennui , oui, et bien rendu.
    merci

    · Il y a plus de 14 ans ·
    Img 0012

    ristretto

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