Cité et mouvement

thib

Du café emmêlé dans les doigts

Un homme aux yeux sanglants

Attend sous ses désirs

La femme au-delà de sa robe

Et son enfance

Sortie de l'école.

 

*

 

Les murs

Annulés enfin

Sous la lave du bruit

 

On peut détourner les yeux

Et se parler

Je te vois bien en face

Ecumant le ciment frais de mes rêves

Et les rues nous regardent danser

Autour de ton nom.

 

*

 

Un chat somnole

Sous une toiture d'oiseaux

Où as-tu mis le soleil ?

 

La lumière vient

Des quatre coins de la fenêtre

Où tu as disparu.

 

*

 

Aujourd'hui dans les rues

L'avenir est en lingerie fine.

 

*

 

La maçonnerie du froid

Que traversent les ponts

Fait le deuil

Du silence

 

Le poids d'une vitre brisée

Eperdu

Le secours d'un baiser anonyme

Adieu

A demain

 

Toute cette vie d'ombre promise à l'abondance.

 

*

 

Je vois ma peine amère

Avec qui partager la foule

 Des amours économes

Des hommes couleur de pierre

Et la radio coule comme une eau sale

 

Je vois l'ombre des ouvriers

Bâtir l'ombre des villes

Les coups de couteau qui ont percé la nuit

Des pierres couleurs d'homme

Tout ce qui tremble au souvenir du feu

 

Je vois les villes croître

Pourrir empiéter accepter

Les villes d'immeubles et les villes de sang

Des tours des toits des colonnes

Monter monter plus haut

Crever la peau bruissante des nuages

Où leurs visages ouvrent des bouches de plumes

Avec leurs très grands yeux qui ne se ferment pas

Et à leurs pieds les hommes avec leurs cœurs

 

*

 

Une note sombre

Ville mon amitié pleine de larmes

Ne demande rien

Les mains chaque main

Est libre

 

Une note sombre pour blanchir le lait

 

Quand la chance est remplie

Des poches des passants

Et que les voix se chauffent au bois

L'hiver l'hiver fondu

 

Et c'est un corps de femme

Qui émerge

Doucement

Des flammes rousses

Au bout du froid.

 

*

 

Joie ma patience solide

Le long des allées d'hier le long des sources claires

Demain sera creusé

De chaleurs et de temps

Et nous le remplirons

De rires à venir demain

Nous naîtront à ce rire d'une vie à venir

 

Joyaux du sang

Qui se répand à ses meilleurs instants

 

Demain déshabillés

Nous ferons une joie de notre sang perdu

Et celui que l'on donne

Allumera un feu en tombant sur la neige

Où l'on réchauffera nos souvenirs

Et nos rencontres

 

Demain plus facile qu'hier

Espace d'abondance

Espace de présences

Dont un baiser déploie tous les volumes.

  • très beau, belles métaphores...

    · Il y a presque 6 ans ·
    Tulip  avr  21  03

    rechab

  • Étrange mélange de sensualité et de peine. Émouvant Thib.

    · Il y a environ 9 ans ·
    Ananas

    carouille

    • Il y a toujours de la sensualité dans la douleur. Et, qu'on les perçoive ou non, toujours des émotions dans les sens. Merci. Merci.

      · Il y a presque 9 ans ·
      Vie1

      thib

  • Que j'aime cet écho urbain à un présent difficile et cependant rempli de l'essentiel

    · Il y a environ 9 ans ·
    Mai2017 223

    fionavanessa

    • Le présent n'est difficile que lorsqu'on tente d'y échapper. En avant, en arrière, à côté... parce que c'est quelque chose d'irréalisable. Même urbain, même gris, même soumis à des économies diverses et vicieuses, le présent, nous le réalisons toujours. Merci.

      · Il y a presque 9 ans ·
      Vie1

      thib

  • C'est magnifique!
    "Les choses sont ce qu'elles signifient avant d'être ce qu'elles sont" disait le poète Joë Bousquet.
    Une juste pensée dont tes écrits sont une belle illustration.

    · Il y a environ 9 ans ·
    Un inconnu v%c3%aatu de noir qui me ressemblait comme un fr%c3%a8re

    Frédéric Clément

    • C'est cette citation qui est magnifique ! Merci beaucoup !

      · Il y a presque 9 ans ·
      Vie1

      thib

Signaler ce texte