Conversation ordinaire

Hervé Lénervé

Je me rendais chez une vague connaissance pour le solliciter d’une petite assistance.

-         Excuse-moi, je ne t'avais pas reconnu. Faut dire que t'a pris un sacré coup de vieux, depuis la dernière fois, que l'on s'est vu.

-         C'était hier !

-         C'est fou, en effet ! Tu as dû te faire peur ce matin dans la glace ?

-         Bof, tu sais ma vue n'est pas très bonne.

-         Oui, c'est sûr, mais s'il n'y avait que ça.

-         Bon, maintenant que l'on a fini avec les politesses, tu peux me dire pourquoi tu voulais absolument me voir, aujourd'hui ?

-         Oh rien de méchant ! Je voudrais seulement que tu me dépannes pour investir dans une affaire juteuse.

-         Non merci ! Tes opérations juteuses, je les connais, ce sont des soustractions. J'ai failli être obligé de vendre ma baraque avec ta dernière grande idée juteuse.

-         Rien à voir ! Là, c'est du sûr, à cent pour cent d'intérêts. C'est cinq cent mille qu'il me faut !

-         En Euros ?

-         Non, en boutons de culotte, du con !

-         C'n'est pas pour chipoter Hervé, mais je te trouve assez moyen, côté commercial. Donc, à l'avenir, quand tu auras envie de me voir, je préfèrerais que tu t'abstiennes d'avoir l'envie. 

-         Ok ! Mais pour mes cinq cent mille euros ?

-         C'est non !

-         Et en roupies indonésiennes ?

-         Pas mieux ! Inutile de me citer toutes les devises, c'est toujours non !

-         En boutons de culottes, alors ?

-         Même pas !

On me l'avait pourtant dit que ta tête de rat ce n'était pas qu'une apparence !

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