Couple – Un James Bond sur le retour

Jean Luc Lourmière

Pour me sortir de ma torpeur automnale, ma compagne m’a entraîné jusque dans la suite 007 du Seven Hotel, en plein cœur du Quartier Latin. Nous avons fendu la houle estudiantine de l’université Sorbonne Nouvelle pour nous ressouvenir de notre jeunesse défunte ; nous avons flâné dans le jardin du Luxembourg avec l’espoir de retrouver l’alchimie amoureuse de notre première rencontre.

Dans la magnificence d’un décor à la gloire de James Bond, face à un miroir sans fin, j’arbore la morgue aristocratique de l’agent secret le plus connu de la planète. Amusée, ma compagne désigne par un signe de tête mon ventre proéminent. Affectant les dehors de l’imposteur démasqué, je déglutis avec un effort simulé et lui lance :

—    Rends-moi mon Walther PPK, que j’aille occire les ennemis de la Couronne d’Angleterre.

—    Tu pourrais, pour commencer, tenter de soumettre l’amazone impudente qui te fait face…

Celle qui, quelques heures plus tôt, a manqué de se pâmer sur le parvis de Notre-Dame, adopte maintenant une posture impudique. Sur un écran géant d’un mètre soixante, les images de la saga de l’espion au service de Sa Gracieuse Majesté exaltent notre enfièvrement.

Ce soir, nous irons battre le pavé parisien. Plus tard, lovés dans la couche prometteuse de notre suite, nous nous blottirons dans les bras d’Aphrodite : l’atmosphère romantique d’un boutique-hôtel opère souvent sur les âmes l’enchantement d’un philtre d’amour de la geste arthurienne.

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