Crise sans cris

Hervé Lénervé

Mes derniers textes étaient bien trop sages, il est grand temps de revenir à mon fond de commerce.

Ce qui est bien quand on vit en couple, c'est que l'on peut demander à son conjoint son avis sur une décision à prendre ou sur des sujets généraux sur lesquels on n'a aucune prise.

Par exemple « la peine de mort ». Pour traiter d'une question aussi sérieuse, il faut avoir une certaine distance. On ne peut pas décemment la poser à un condamné à mort.

Mais sur des sujets plus légers, c'est toujours utile d'avoir le point de vue de l'autre.

Par exemple, ma femme hésitait sur la couleur d'une robe à commander sur le net, elle me demanda.

-         Tu l'as préfère en bleu ou en jaune.

-         En bleu ! Ce sera assorti à tes varices.

-         Salo !

-         Remarque jaune, c'est la couleur des cocues.

-         Salo bis !

C'était de bonne guerre, hier, je lui avais demandé son avis sur un chandail très chic soldé chez Damart.

-         Bleu ou en rouge, mon poulet ?

-         Le rouge, c'est mieux pour ta couperose et ton nez de clown alcoolo.

-         Salope !

Remarquez qu'avec ma femme, on se s'engueule jamais, ce n'est pas notre mode de fonctionnement. Nous, on se fait la gueule en se taisant, plus un mot. Comme dans le film « Le chat » avec Gabin et Simone Veil, ils ne communiquent que par petits mots écrits.

Nous, on ne s'écrit pas on mime la demande. C'est plus long et cela peut prêter à confusion.

Hier, alors qu'elle partait faire des courses, je lui avais mimé de ne pas oublier le vin. Elle m'a ramené du Vittel, alors qu'elle sait que je n'aime pas le blanc.

Pour les discussions intellectuelles, ça prend un temps fou. Allez discourir sur le champ freudien de l'inconscient par mimétisme, pas facile ! Même Marceau, le mime, pas la Sophie, ne le fait pas bien.

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