De la part de la Nuit je te dis Bonjour

Juliet

Petit frère,
je sais que tu grandis
de l'autre côté du sol,
de l'autre côté de moi.
Je peux voir ton sourire sur le monde,
je peux entendre tes rires qui apprennent
à accueillir déjà la beauté avec reconnaissance.
Tu es là et des bras t'enserrent.
Tu es là et mon cœur se serre.
Le jour grandit et la nuit décroît.
L'amour te dit qu'il faut que tu croies
à ces miracles qui pensent n'appartenir qu'à des légendes ;
mais miracle tu es même si en échange on me demande.
J'ai entendu notre mère pleurer avant ton arrivée ;
elle coule encore ces larmes mais elles ont mêlé ma nature à la tienne.
Tu es plus beau que moi,
petit frère,
tu es plus beau si tu peux rendre heureux en étant là.
Être là, bientôt je n'en serai plus capable.
En dessous de moi, la tristesse et le bonheur dansent ensemble.
J'en appelle à tes éclats d'espoirs et de vie pour illuminer
même jusqu'aux recoins les plus sombres de leurs cœurs
et du mien.
Grandis vite,
et d'une voix d'ange,
d'une innocence d'enfant,
tu leurs diras je t'aime. Fais-le aussi pour moi.
Même si ce moi tu n'auras pas connu alors.
Je ne te léguerai rien.
Pas même des souvenirs.
J'en suis heureux car je ne veux pas te voir pleurer.
Même si je ne peux pas te toucher,
même si un homme et une femme seuls ont ce droit en ce jour,
je veux atteindre ton âme juste un instant.
Elle ne le dit pas, tu sais, tu ne comprendrais pas,
mais elle veut t'enlever d'ici où tu es né
pour venir me rejoindre ici où je me défais.
Mais à un petit bout immaculé de vie
l'on ne peut présenter la grandeur terrifiante de la mort.
Petit frère,
les étreintes qui nous aiment ne sont pas les mêmes.
L'amour de la mienne n'est pas réciproque.
L'amour de ta mère passera les époques.
Même cet homme debout à côté de vous deux,
il transforme la faiblesse de me voir périr
en la force noble de préférer te chérir.
C'est ainsi qu'il faut voir les choses ;
sans les épines de la rose.
Je voudrais te voir grandir dans ces pensées.
Je me recroqueville dans celles-là.
Je sais qu'ils veulent me présenter à toi mais, s'il te plaît,
retiens-les dans cette pièce un peu plus longtemps encore.
Celle-là est pleine de vie.
Et la vie doit devenir pleine de toi.
Je t'en prie, tu tariras les larmes.
Et toujours, sois présent pour effacer le passé.
Maintenant, toi qui t'éveilles,
laisse-moi m'endormir.
Tes yeux s'ouvrent sur un monde nouveau,
les miens se ferment pour un monde obscur.
Et sur un écran d'ordinateur,
il y a la ligne de mon cœur.
Elle sera continue,
et tu es encore nu.
Je voudrais étreindre ce petit corps-là mais
le mien semble encore plus faible et sans défense.
Je suis désolé.
Bientôt à l'intérieur de ma poitrine
il n'y aura plus aucun battement pour te bercer.
Ö petit frère,
demande pardon à Père et à Mère.

Aujourd'hui le jour et la nuit se mélangent.
C'est moi qui m'envole mais tu restes l'ange.
Parce que c'est pour toi qu'ils vivent.
Les soleils des lendemains
qui viennent vers toi les bras ouverts,
je t'en prie,
chéris-les de tout ton être.

Parce que je pars,
merci d'être venu.

(écrit le 3 septembre 2011)

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