Des barbelés de roses

yunahreb

Depuis le neuf et le treize juin, ma vie a basculé, sans rémission possible semble-t-il. Mon coeur est vagabond et le quotidien nauséabond. Mon esthétisme et la candeur que j'attribuais à l'histoire que je croyais écrire se sont disloqués. Chaque jour, chaque heure, à chaque regard, mon âme sursaute et se souvient. Souvenir de ces jours où j'ai appris ta trahison, l'innommable! Je n'arrive pas à y croire, à tel point que je n'ose même plus me confier sur mes émotions lancinantes. Pourquoi donc me suis-je affligée cette torture du souvenir au quotidien? Apparemment, mon âme est décidée à refuser l'oubli, à ce que tout persiste intact comme à la première brûlure. Des images s'emparent de moi, nuisant à toute créativité.Mon coeur n'est plus qu'une partie de mes entrailles. Je me durcis. Je suis en plein exode émotionnel. Tu m'as trahie, ah l'immonde fellonie!, ton vrai visage a montré une âme noire qui fait saigner mes yeux à chaque regard posé sur toi.

         Ce quotidien dont je parle est ma pire torpeur, celle dont on ne peut s'échapper, une torpeur innommable qui me crucifie. Je suis devenue une incroyante, tu as fait saillir le pire de moi-même: l'évasion des sens, la flottaison des émotions me sont désormais inaccessibles, ne me restent plus que mes coups de hâche qui éclatent mon coeur en mille morceaux chaque jour. Rien ne passe. Ca ne passe pas. Je suis dans l'immobilité thermique.

         Tu as perdu ta dignité et mon respect.

         J'y pense tous les jours!, mon insistance à regarder ces souvenirs dont il ne veut rien révéler me grignottent un peu plus chaque jour. Il n'en a pas conscience. Que peut-il faire pour apaiser mes souffrances, lui dont la présence suffit à me plonger dans ce désarroi? Je suis abîmée. S'il était vrai homme, il sentirait toutes ces déchirures du quotidien. S'il était vrai homme, il me quitterait pour m'épargner.

         Je vacille. Je m'éteins...

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