Des héros oubliés

arthur-roubignolle

Des héros oubliés


Décembre 1914, la guerre fait rage aussi dans les montagnes du Kourbistan, petit pays qui se bat contre les forces de l'Alliance aux cotés des français, des russes et des anglo-américains...

L'armée du kourbistan avait ceci de particulier qu'elle était constituée essentiellement de lâches et de pleutres avérés. Jamais dans l'Histoire l'on n'avait vu pareils soldats si peu valeureux, si peu enclins à combattre...

Et pourtant, l'armée Kourbistanaise était redoutée, personne n'avait jamais réussi à la vaincre, à tel point qu'au sein des Etats-majors allemands autrichiens et ottomans on la jugeait quasi-invincible.

Bien des stratèges s'étaient cassés les dents sur la tactique des kourbistanais.

Mais quelle était cette tactique si efficace ?

C'est très simple, le maréchal Nouvoilà, chef des armées kourbistanaises étant aussi lâche que ses troupes, officiers et sous-off inclus avait donc élaboré une tactique dite « de la fuite en avant ». (Cette fuite en avant étant pour l'ennemi plutôt une « fuite en arrière » bien sur). Cette savante stratégie se divisait en deux mouvements. Le premier mouvement consistait à détaler le plus vite et le plus loin possible devant l'ennemi, tandis que le second mouvement consistait à ralentir cette fuite afin de ne pas prendre le risque de se retrouver, emporté par cette course en avant, derrière les arrières de l'ennemi, qui évidemment se serait cru attaqué par derrière et aurait cherché encore à combattre.

C'est ainsi qu'à force de fuir devant l'ennemi à toute jambes, les troupes kourbistanaises étaient devenus très endurantes et ses soldats tous d'excellents marathoniens. Personne ne pouvait les rattraper. Aguerris à la course à pied ils avaient épuisés trois armées ennemis successives. L'armée turc avait jeté l'éponge, ses soldats n'en pouvaient plus et s'étaient même révoltés contre leurs chefs, refusant de courir inutilement devant (enfin plutôt derrière) les kourbistanais.

L'armée austro-hongroise quant à elle s'était perdue dans les montagnes kourbistanaises à force de tourner en rond à la recherche de cette insaisissable armée de pleutres dératés... De temps en temps les autrichiens voyaient bien passer des soldats kourbistanais, mais ils allaient si vite que le temps d'armer un fusil ou une mitrailleuse ils étaient déjà partis...

Les allemands, venus à la rescousse des autrichiens et des ottomans connurent le même sort, ce malgré leurs auto-mitrailleuses lancées à toute berzingue à la poursuite des soldats-fuyards-coureurs d'élite kourbistanais. Trois divisions allemandes tombèrent en panne de carburant à ce petit jeu.


Et c'est donc avec fierté et la tête haute que l'armée kourbistanaise, qui n'avait subie absolument aucune perte et qui avait complètement découragés  ses adversaires, défila ce 11 novembre 1918 aux cotés des alliés pour fêter cette Armistice tant attendue par les belligérants (ainsi que par les gérants tout court aussi d'ailleurs).

Le peuple du kourbistan en liesse fêta et honora ces valeureux soldats pusillanimes qui avaient vaincus trois redoutables armées grâce à leur lâche mais tenace fuite en avant (pardon, en arrière), menée avec une courageuse trouille digne des plus grands (z')héros de l'Antiquité tels Achille, Agamemnon, Hector, Ulysse, (ainsi que Roux et Combaluzier pour l'intendance...).


En ces jours de commémoration de la Grande Guerre, cette horrible boucherie, et même cette affreuse boucherie-charcuterie, oserai-je dire, rendons hommage et honorons la mémoire de tous ces soldats kourbistanais qui sont morts tranquillement dans leurs lits bien des années après la guerre, et ce grâce à leur extraordinaire capacité à fuir courageusement devant l'ennemi.

Vive le kourbistan !

Vive le maréchal Nouvoilà !

Vive la course à pied !



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