destiné

ernestin-frenelius

Le petit bébé joue à secouer son hochet en balbutiant des areuhs charmants

Le bébé un peu plus grand joue à pousser sa voiture en rampant et tout en criant

Le petit enfant s’amuse avec son puzzle, il reconstruit en chantant ce tableau qui lui plait tant

L’enfant joue la guerre avec ses petits canons et ses soldats de plombs en tonnant comme un général de chair et de son.

L’adolescent joue de la guitare électrique un peu comme Jimi Hendrix en gueulant des paroles de révolution

Le jeune adulte ne joue plus, il entrevoit capturer sa postérité qu’il pourchasse avec  l’abnégation de son ambition

L’adulte joue sa vie professionnelle comme un harpagon, de désillusion il lutte contre sa dissolution

L’homme mûr déjoue les vicissitudes, il ne se déparera de  son humanité qu’au prix de lâches dilemmes âprement monnayés

L’homme vieillissant, pas encore maugréant, a compris que quitte à dilapider la vie il doit enrichir l’humanité

L’homme impotent, sénile et grognant, réalisant l’inconsistante destinée qui va s’achever, s’atermoie, mais pour ceux qui le suivront veut donner à espérer

L’homme mourant, croyant, incroyant, ne sachant, s’interrogeant rend un dernier souffle qui s’estompant nous laisse la charge de vivre, d’aimer et de mourir nous aussi.

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