Dieu m'a dit

Hervé Lénervé

A huit ans, quand j'étais petit garçon, j'ai rencontré Dieu en chair et en os.

Putain, ça sent le vécu, ça ! Car dans un récit le vécu est important. Il donne un style sincère à l'écriture. Sensations, Sentiments, Sexe, la trinité du vécu. Sans vécu, pas d'écrit vrai !

Alors, bien sûr, l'écrivain qui n'a rien vécu dans sa vie, se trouve fort démuni pour exprimer une authenticité sur l'atmosphère du récit.

Mais revenons à notre première histoire.

Donc, Dieu me dit, d'une voix caverneuse de fumeur,

«  Fils, Tu iras et Tu diras ! »

« C'est clair, Père ! » Lui ai-je répondu du tac au tac, avec un air convenu d'intellectuel à lunettes.

Et depuis ce jour-là, je suis le colporteur de la parole divine. « Je dis, de porte à porte, où, je vais. »

Pour l'instant, cela semble n'intéresser personne, l'endroit, où je pourrais bien aller.

Donc, les adeptes ne se bousculent pas au portillon, ça mouille. Faute de précision dans ma localisation.

« Pourtant, j'ai tout suivi à la lettre près, vos recommandations, mon Père. » Criè-je parfois dans mon désarroi, faute de bois. Pas de réponse, abonné absent, évaporé le Dieu. Il s'est barré en me laissant seul dans la merde avec son message de merde.

« Fils, Tu iras et Tu diras ! »

Depuis, j'ai changé de croyance, je suis entré dans l'Eglise : la foi par la sagesse de la Courgette. Mais pour le porte à porte, zéro, quand même. Tout le monde me prend pour un maraîcher.

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