Disparue (37)

Louve

Héloïse se remet doucement de ses émotions...


La même journée, elle eut également la visite de l'inspecteur qui la félicita et la sermonna tout à la fois.

- Grâce à vous, nous avons réussi un beau coup de filet, mais vous nous avez fait une sacrée peur !

- Croyez-moi, Monsieur l'inspecteur, je n'ai guère été maîtresse de la tournure que prenaient tous ces événements. Cela a commencé par la disparition de ma fille et tout s'est enchaîné.

- Je sais bien Madame fontaine, mais vous savez, c'est tellement long une enquête. Il nous faut souvent planquer pendant des heures, que dis-je : des jours ; nous renseigner auprès d'informateurs pas toujours fiables d'ailleurs. Parfois, il nous faut tout reprendre à zéro, car la piste suivie à l'origine n'était pas la bonne. Enfin, comme je vous l'ai dit, grâce à vous, nous avons démantelé une filière très importante. Mais ce n'est que la partie cachée de l'iceberg, hélas, il y a bien d'autres ramifications. Oui, en France et partout dans le monde ! Des milliers de femmes sont exploitées en ce moment même, et très peu d'entre elles, s'en sortent.

- J'ai vraiment réalisé leur extrême souffrance qu'en étant moi-même confrontée à cette triste réalité, rétorqua Héloïse, et encore, moi, j'ai eu de la chance... Je ne pourrai jamais oublier, mais au moins, si je ne peux rien, à mon niveau, contre ce monstre tentaculaire, que sont les mafias, j'aurai permis la libération de quelques unes de ces malheureuses. Un grain de sable, juste un grain de sable...

                                        -_-_-_-_-_-_-


Il faisait encore chaud en ce beau soir de juillet. Le soleil s'endormait dans l'océan en une douce flaque orange qui caressait l'horizon. Les vacanciers avaient déserté la grande plage. Ne restaient plus que quelques promeneurs, qui, comme Héloïse et Michel venaient goûter la douceur et le calme de la nuit, qui, peu à peu, prenait possession de la terre et des eaux.

Main dans la main, ils foulaient, tous deux, de leurs pieds nus le sable tiède. Aucun cri ne venait parasiter le tempo régulier des vagues ; c'était comme un tambour, un cœur qui palpitait.

Héloïse, sereine, écoutait les éléments qui, enfin, se confiaient. La force de l'océan l'enveloppait tout entière et elle savait que Michel ressentait la même chose qu'elle, à cette heure.

Là-bas, dans la première vague échouée, de jeunes mariés posaient pour une photo qui resterait, quoi qu'il arrive, gravée à tout jamais dans leurs souvenirs.

Et l'océan, comme amadoué, venait caresser la robe virginale, tandis que le vent jouait dans le léger voile et la mariée riait...riait...

C'était d'un romantisme fou !

Héloïse et Michel les regardaient avec attendrissement. Eux deux s'étaient revus après que la tempête des événements se fut apaisée. Héloïse avait abandonné son appartement de Gournay, sans regret, pour venir s'installer chez Michel, à St-Palais. Cela avait été l'évidence même dès leur deuxième rencontre à l'hôpital, ils étaient inexorablement attirés l'un vers l'autre.

Camille, quant à elle, était restée en Seine et Marne, elle avait un travail stable, puis trop de souvenirs pour elle, en Charente, bons ou mauvais... Cela ne l'empêchait pas de rendre souvent visite à sa mère. Lorsque celle-ci ne partageait pas une activité avec Michel, elles remontaient,  toutes deux, le fil des grandes balades qu'elles affectionnaient jadis.

Mais à Champs, Camille n'était pas restée inactive. Elle avait créé une association qui s'occupait des femmes en détresse. Lorsqu'elle s'absentait, c'était Mady qui prenait le relais. Elle voyait avec plaisir la jeune femme qu'elle avait pris sous son aile, reprendre peu à peu, goût à la vie. Mady, lui semblait tellement fragile, plus qu'elle encore.

Pourtant Camille se réveillait souvent la nuit et revivait les heures pénibles qu'elle avait vécues. Elle se doutait bien que le traumatisme serait difficile à évacuer mais que tout s'apaiserait certainement au fil du temps.

Elle avait des nouvelles d'Anna qui, elle aussi, s'était occupée avec d'autre bénévoles d'Alicia et de Jeannine. Cette dernière n'avait connu que les chambres et les trottoirs crasseux de vice. Au moins vivrait-elle ses dernières années entourée de l'attention qu'elle n'avait jamais connue. Mais, pour elle, c'était bien sûr si nouveau qu'elle repoussait parfois toute marque de sympathie.


Héloïse et Michel revenaient tranquillement de leur promenade. Ils gravirent les marches taillées dans la roche et se retrouvèrent tout en haut de la falaise.

Aussi loin que pouvait atteindre leur regard dans cette nuit qui s'étoilait, la grande plage léchée par l'insatiable océan, les dunes blondes où courait, en lisière, la forêt de pins, s'offraient à eux en une magnifique image.

Tout au fond, cependant, les blockhaus, ces monstres de béton, leur rappelaient comme le monde peut être cruel et superbe à la fois. C'était un temps révolu, pour eux du moins, car les guerres continuaient un peu partout sur le globe. Et partout des gens souffraient, impuissants devant la folie de quelques tyrans sanguinaires.

Accrochés l'un à l'autre, ils restèrent un moment à méditer sur ce bout de falaise puis, tournant le dos à la haute mer qui emmenait les cargos vers l' Amérique, ils se dirigèrent vers la petite ville nichée dans une anse bien protégée des conflits et des ouragans de toute sorte.

A leur niveau, ils avaient fait un petit geste pour eux-mêmes, pour leurs semblables...


(ce n'est pas fini !)


  • Super ! Mais oui t'as raison pour Anna, j'm'en suis rendue compte après mais comme j'arrivais pas à supprimer je te le dis maintenant !! Je lis plusieurs grandes histoires en même temps et parfois j'emmêle les neurones ! Voilà un interlude bien sage mais que va-t-il donc se passer encore ? En tous cas CHAPEAU A RAS DE TERRE ma belle pour la beauté de ce chapitre ! bisous et douce journée loin de ce monde glacé ! à bientôt ! ah oui j'allais oublier quelques petites fautes : dans la 1ère partie 1ère ligne "elle eut" fin de la 1ère partie "- J'ai vraiment réalisé leur souffrance, je ne pourrai" (au futur) et 2ème partie § 9 ligne 2 "et revivait ces heures pénibles qu'elle avait vécues" (le COD est placé avant le verbe avoir donc on accorde) ! voilà c'est tout ! bisouuuuuus !

    · Il y a plus de 7 ans ·
    Epo avatar

    Christine Millot Conte

    • OK ! Merci Chris au beau chapeau ! J'ai corrigé mes fautes professeur. Je fais toujours les mêmes fautes, il faut que je sois plus attentive, c'est pourtant simple !

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Louve blanche

      Louve

  • C'est joli, ton texte ! Comme une gourmandise qu'on déguste...

    · Il y a plus de 7 ans ·
    12360055 105904643116649 5573236636877025166 n

    perce-neige

    • Oh ! Comme c'est gentil ! Merci Paul-Henri !

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Louve blanche

      Louve

  • Un épilogue romantique...

    · Il y a plus de 7 ans ·
    Version 4

    nilo

    • Un peu de poésie dans cette histoire rocambolesque et aussi un peu de vérité pour ces femmes abusées, ces guerres... merci nilo !

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Louve blanche

      Louve

    • C'est tout à ton honneur Martine, de citer ces malheureuses femmes abusées. Je compatis avec toi !

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Version 4

      nilo

  • Un épisode serein..

    · Il y a plus de 7 ans ·
    12804620 457105317821526 4543995067844604319 n chantal

    Maud Garnier

    • Oui, ça change...merci Maud !

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Louve blanche

      Louve

  • Enfin un nouvel épisode pour ce soir ! Merci ! C'est très bien dépeint, mais tu nous gardes encore un dernier rebondissement pour nous tenir en haleine jusqu'au bout ? :)

    · Il y a plus de 7 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

    • Oui, Sy Lou ...et merci !

      · Il y a plus de 7 ans ·
      Louve blanche

      Louve

Signaler ce texte