Don d'orgasme

petisaintleu

D'expérience, je suis effrayé par la misère sexuelle qui règne en ce bas monde. Je tiens d'entrée de jeu  à préciser que, même si je ne me fais guère d'illusions à ce que ma chronique soit parsemée de jeux de mots scabreux, le sujet est on ne peut plus sérieux.

Je pense d'ailleurs que le mouvement s'est accéléré depuis Internet et l'explosion des sites de rencontre. Si je ne doute pas que du côté féminin, la majorité de cette gent ait l'objectif de trouver l'amour et de chercher une relation durable basée sur les sentiments, je ne connais que trop bien l'espèce masculine pour douter que cela soit réciproque. Non pas que les mâles soient dénués de toute sensibilité. Il ne faudrait pas non plus sombrer dans un militantisme féministe qui frôle dans ses excès une revendication qui atteint la castration.

Mais ce qui m'afflige le plus, ce sont les confessions sur l'oreiller. Combien de fois n'ai-je pas entendu la même litanie ? Ne comptez pas sur moi pour que je vous le dise. Je ne voudrais pas faire des envieuses. Disons que si j'en étais resté à une pratique solitaire, je ne les aurais sans doute pas entendues puisqu'il paraît que ça rend sourd et je serais incapable, par manque d'expérience, d'être en mesure d'écrire ces quelques lignes. Vous admirerez au passage la très subtile pirouette qui ne reste que cérébrale, mon manque de souplesse m'ayant toujours interdit de découvrir toutes les subtilités du Kâma-Sûtra.

Ce qu'il en ressort, c'est le manque complet de tact des mâles quant au plaisir féminin. Il existe fort heureusement pas mal d'exceptions qui confirment la règle. Il n'y a qu'à lire le nombre de nouvelles érotiques d'auteures sur Welovewords pour s'en convaincre. Je suis sans doute un idéaliste et je rêve très certainement d'un monde où régnerait une complète harmonie. Mais nous ne sommes pas des animaux. Nous ne pouvons nous comporter, par exemple, comme des bonobos  qui règlent leurs conflits à coups de reins.

Mais dans la réalité, le monde idéal est un leurre, la petite maison dans la prairie, un fantasme pour quakers. Voire un champ de bataille pour pédophiles qui s'imagineraient Mary ou Laura Ingalls finirent entre leurs sales pattes. Heureusement, à l'époque, nous n'en étions qu'au télégraphe et les pionniers avaient la gâchette, celle du colt, et non la braguette, facile.

Je me dis que le plus dur reste à venir, dans sa version la plus déplorable. Je prédis la faillite prochaine de la collection Harlequin à moins qu'elle ne vire rapidement sa cuti et décide de créer un site qu'elle pourrait appeler Collection Hardequin avec comme vedettes américaines Rocco et ses frères. En effet notre pauvre jeunesse a perdu ses repères. Ou du moins s'en elle-t-elle construit de nouveaux avec pour seuls reculs celui d'un gros calibre qui pratique le coït contre nature, souvent accompagné de longs couteaux pour se lancer dans la décharge héroïque d'un gang bang.

Je vois toutefois une lueur d'espoir grâce à une mode récente, celle des cougars. Je pense d'ailleurs à mettre en place une association que j'espère rapidement voir reconnue d'utilité publique. Les Ginette, Marcelle et autres Simone donneraient de leur personne pour remettre ces agneaux perdus sur le droit chemin avant qu'ils ne se transforment en boucs malfaisant. Je mettrai en place un cahier des charges des plus stricts. Le ticket de métro et l'épilation des aisselles seraient interdits. Pour revenir à des valeurs plus chrétiennes, seul le missionnaire serait de mise, mettant à bas toute pratique qui ne viserait pas la maïeutique.

Une chose est d'ores et déjà certaine. Je n'aurai aucune ambition de me transformer en gourou. Pour des raisons d'ordre pratique, je ne pourrais me permettre aucun écart pour que ces dames conservent toute leur énergie pour de jeunes étalons.

Signaler ce texte