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Un peu comme une sortie de route, j'arrive dans des endroits qui me sont étrangers, cette envie qui n'est plus là, le désir de création qui palpite, et qui disparait par manque de courage.

Je me sens comme une nymphe coincée dans sa chrysalide, impatiente de se transformer en papillon crépusculaire, qui s'attache à la lumière d'une chandelle, parce que la passion romanesque est plus belle que toutes les autres, celle qui mêle amour et désir.

Comme ce papillon de nuit qui n'a pas assez de temps pour faire ce qui est important... trier, choisir et mettre de côté ce qui ne pourra jamais se faire.

J'ai perdu le gout du risque parce que je pense qu'il est toujours trop tard pour risquer quelque chose, me risquer.

J'ai donné plus que je n'aurais du, et j'ai pris ce qui ne servait à rien aux autres, j'ai soulagé au lieu de voler...voler comme chaque individu se permet de faire sans contrition...

J'ai su voler comme sait le faire un oiseau, j'ai su le faire trop peu de fois et maintenant je pense que plus rien ne sert de s'étendre sur des regrets, mais je culpabilise de ne pas m'être écoutée et je n'en veux à personne, j'en veux à mon manque de caractère, ce manque qui est devenu cratère au fond de moi.

J'ai oblitéré mon âme de millions de trous pour la voir maintenant abimée. Je me souviens de baisers volés, de lèvres mordues, de caresses intimes, de mon audace et je me demande si je ne confonds pas mes rêves avec ma réalité, pourtant je me souviens du temps jadis ou l'effronterie me donnait des ailes, ou l'impertinence gênerait dans mon corps une perpétuelle effervescence, et je me suis vue vivre et faire l'amour sans rougir de mes gestes.

Je me suis surprise en sensualité, parce que son regard me renvoyait l'image d'une femme sublime, j'ai vu le désir dans ses prunelles ombreuses et j'ai joué de ça, tout en aimant lui plaire.

J'ai vu l'attirance et les gestes flous, j'ai vu et j'ai observé les techniques et les malfaçons, parce que j'étais plus maligne que mon apparence.

J'ai parié sur des regards, des tentations et j'ai souvent gagné d'un battement de cils et maintenant il y a dans mes yeux, ces yeux que j'observe de longues minutes devant la glace, devenus sérieux, comme un voile qui dissimule une mélancolie charmeuse, parce qu'elle est une invite au questionnement... et le questionnement propage le mystère, le mystère est presque inabordable... inabordable... ce que j'ai construit par des gestes brusques, un regard distant, une voix glaciale, un sourire de marbre, des répliques acerbes pour m'éloigner de la foule, parce que la foule c'est le partage, et le partage m'exaspère, parce qu'il n'est jamais équitable.

Je me souviens de mes jambes autour de flancs virils, de ventres palpitants, de ma poitrine collée sur un torse brulant, du gout qui me plaisait, d'un étourdissement, d'émotions comme celles que l'on retrouve dans les livres.

Je me souviens de mon sourire charmeur, mais que je n'utilise plus parce qu'il m'est devenu précieux, de mes clins d'œil mesquins, juste pour titiller.

Je me souviens de nos sexes, faits l'un pour l'autre, de gémissements scandaleux et de chaleurs humides sur des draps froissés, des empreintes de doigts entre mes cuisses et de mes mots... comme une mélodie incurable, jouée sur un piano séculaire, accordé au son d'une voix caressante et quand la musique s'arrête il y a comme un souffle que l'on retient, un silence lourd et palpable, imprégné de paroles ivres, de mots que seuls nos yeux recueillent avidement.

Il y a cet éternel recommencement de la vie, mais qui avant cela s'exhibe dans un futur presque immédiat, dans chaque jour qui se déroule, comme ces films que l'on se repasse ou ces sons enivrants que l'on écoute inlassablement, mais qui finissent par nous lasser... la vie est une incroyable chorégraphie que l'on exécute sans relâche pour qu'elle soit parfaite jusqu'à l'épuisement.