Droit de réponse au droit de réponse de Léo Noël
Jean Louis Michel
Ecrire, une question de vocation ? Droit de réponse au droit de réponse de Léo Noël pour : écrire...question de vocation par sophiescribouillarde…
Je retire mes doigts du clavier et je branche mon casque sur les oreilles. Mon Samsung SG2 est saturé de musique et je choisi « King of the road » de Fu-Manchu.
« The Universal Eyes Tell Me Where to Go
White Line Movin' Slow
Million Miles An Hour Headfirst and Alone
All I Got Is Tuck and Roll
All Through My Head
It's Happenin' Over Again[…]”
Quand il s’agit de répondre à ça, il vaut mieux être sérieux 5 minutes, non ? Ça tombe bien, j’aime écrire en musique… Dans mon univers, l’un ne va pas sans l’autre et j’ai toujours ma guitare et mon ampli à porté de la main en cas de panne d’inspiration.
Ecrire, une vocation ?
Grand dieux non !!!! Surtout pas ! En fait je n’ai jamais eu de vocation pour quoi que ce soit, à part peut-être les femmes. Je développe:
Pour ce qui concerne la lecture, j’ai été un môme précoce. A l’âge ou certain font la sieste en dernière année de maternelle, ma grand-mère avait entrepris de m’apprendre à lire avec la méthode boscher (ça rappelle des souvenirs à certains d’entre vous ?) un peux plus tard, je me retrouvais avec mon premier livre sur les genoux : « Gribouille », de la Comtesse de Ségur. Ça en aurait dégouté plus d’un à vie, mais sans raison apparente, ça m’a plu. Voilà donc mon premier souvenir de lecteur. L’année suivante je rentrais au cours préparatoire et je m’emmerdais grave alors que mes copains déchiffraient difficilement le B+A= BA.
“Look Inside.. the Day Started Right
A Back Road in a Dirt Town Lives.. All Time
Slowly Turns.. Signals High.. What Happens Next
All Time
The Mongoose Flies”
Entre 6 et 8 ans : trou noir, peu de souvenirs marquant de lectures. Au-delà, je me rappelle avoir dévoré Jules Verne, Gaston Leroux, Poe, Shelley et Emily Brontë, du classique aussi, mais qui n’a pas lu Omer…
Ensuite, l’ado boutonneux que j’étais s’est passionné pour Lovecraft, King, Mattheson, Tolkien et tout un tas d’auteurs d’histoires à faire peur.
Enfin, les grand classiques du XXème, à savoir Sallinger, Hemingway, Kerouac, Burroughs, Bukowski et quelques autres.
Le rapport avec le cochon ?
Hé bien, je crois qu’avant de se mettre à écrire, il faut d’abord savoir lire. Non pas pour se gaver d’histoires, mais pour apprendre la mécanique. On peut juste se contenter d’aimer lire, mais il arrive parfois que certaines personnes se piquent de vouloir écrire à leur tour.
Pour ce qui me concerne c’est venu par hasard, en lisant Fante. J’ai suivi un jour les conseils de Bukowski et je me suis intéressé à Fante. J’ai naturellement commencé avec « Demande à la poussière », puis « Bandini » et « La route de Los Angeles » et je me suis prit la plus grosse claque de toute ma vie, énorme !!! Si, si, je vous le jure ENORME ! Avec « Demande à la poussière » et « Bandini » on se retrouve sonné, littéralement mais quand on sort de « La route de Los Angeles » on n’a qu’une envie : Pleurer, rien d’autre et ensuite on comprend. On voit la lumière (on est vendredi, j’écris entre midi et deux au bureau, alors non, je ne suis pas sous hallucinogènes). Il faut bien comprendre que lorsqu’on croise Dieu (Fante is God) on se dit forcément qu’on ne pourra pas faire mieux, c’est une vérité universelle, une évidence fondamentale, mais au moins il montre la voie, sans prétention.
Fante avait son double : Bandini, Bukowski avait Chinaski, un moyen d’écarter la vérité trop cru de leur existence respective, de prendre la distance nécessaire pour oser écrire, car aucun des deux n’était passé par Columbia ou Yale, aucun d’eux ne trainait sa carcasse dans une bande quelconque, ni la Lost Generation de Steinbeck, Dos Passos, Fitzgerald, Pound, ou Miller avant guerre, ni les Beat de Kerouac, Ginsberg, Burroughs Corso, Snyder ou Welsh.
Du jour au lendemain, c’est devenu une évidence, il fallait que j’écrive. Qu’importe le résultat. Je le faisais pour moi et personne d’autre. C’est ensuite la nécessité d’être lu qui s’est imposée, non pas par vanité mais parce que je mettais enfin mon amour propre dans ma poche et que je sollicitais l’avis de tiers pour avis. Il fallait que je sache, à un certain moment, si c’était bon ou à jeter. Alors forcément il y a eu le passage obligé par la famille, les amis, le blog, Facebook, et finalement il y a eu le jugement suprême : les éditeurs.
Alors une vocation ? Non, absolument pas. Un accident, un concours de circonstance, la faute à Fante, Bukowski et Djian, parce que c’est comme le vélo : à force de regarder le tour de France t’as envie de voir si tu peux monter sur ta bicyclette pour aller chercher du pain à la boulangerie du patelin et si tu peux revenir.
Complètement d'accord. Lire, lire beaucoup, et puis un jour, par accident, dans un moment d'égarement, on se met soi-même à écrire. Pourquoi ? Aucune idée.
· Il y a plus de 12 ans ·Si, peut-être une : je ne sais rien faire d'autre...
le-fox
Impayable Rockin18 ! à chaque fois ta prose sonne comme un be-bop psychédélik ! Junon, ne sois pas désolée, je prend déjà tant de plaisir à te lire !
· Il y a plus de 12 ans ·Jean Louis Michel
Oui, oui, oui (désolée... j'ai gardé des séquelles !!), je suis d'accord... vocation, ça me parait difficile à admettre, et plan de carrière, c'est carrément surréaliste !! :))
· Il y a plus de 12 ans ·junon
Exactement, Junon, et franek, chacun a son histoire et un rapport particulier avec la lecture ou l'écriture. C'est un sentiment difficile à expliquer, c'est pour cela que je ne crois pas trop à l'écriture comme plan de carrière ou à la vocation. Tout le reste n'est que vanité.
· Il y a plus de 12 ans ·Jean Louis Michel
Un peu le même genre de parcours (sauf que moi ça a été la méthode Freinet, avec ma mère, et également avant l'entrée en CP. Et que beaucoup plus modestement, mon premier souvenir de lecture "seule" est un Oui-Oui... :)) ... je revois encore la couverture... ce que j'étais fière !!), un peu les même résultats, sauf que moi, je n'ai pas accroché avec Fante... oupsss.
· Il y a plus de 12 ans ·Par contre, je crois tout de même qu'il y a d'autres itinéraires. Je discutais récemment avec un type déjà publié deux fois, qui écrit d'une façon que j'adore, mais qui, lui... ne lit pas du tout !!! Rien, niet, nada.... Il est juste fou de musique, mais je dois avouer que de m'entendre répondre qu'il n'avait aucun auteur "fétiche" et ne lisais jamais m'a laissée... sur le cul !
D'où j'en déduis qu'il doit y avoir autant d'histoires d'écriture que de gens qui écrivent... :-)
junon
je retrouve un peu de mon parcours en plus court. Par contre moi ce fut les Bachelard et la poésie, puis pour l'humour Frédo Dard, et les philosopheux,Alain et Sartre. Une vocation, non je n'ai^pas l'esprit d'un moine ,je profite et le plus possible de la vie, je ne cherche aucun salut dans l'écriture seulement une manière de communiquer surement obsolète mais les techniques modernes peuvent la remettre en usage, merci pour ce texte
· Il y a plus de 12 ans ·franek
d'accord avec toi sur le fait qu'avant l'écriture il y a la lecture.
· Il y a plus de 12 ans ·mais tout ça n'est qu'histoire de ressenti personnel, au fond.
très bon texte, en tous cas!
Karine Géhin
Tu as déjà la plume, Mathieu, c'est une certitude !
· Il y a plus de 12 ans ·Jean Louis Michel